Information technique sur Fukushima Daiichi et Daini (Japon)

  • @lexis

samedi 12 mars 2011 à 20h30

Voici un point très technique (source ASN, Autorité de Sureté Nucléaire, France) qui semble montrer que les deux centrales nucléaires japonaises restent, malgré d'importants aléas techniques, sous le contrôle des équipes de conduite et dans le cadre de leurs procédures. Les heures qui viennent devraient aller vers une amélioration de la situation.

 

I – Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi
I.1 – Point de la situation du réacteur n°1
Le 11 mars 2011 à 14h46 (heure locale), un séisme a frappé le réacteur n°1 de la centrale de Fukushima Daiichi entraînant son arrêt automatique d’urgence.
Le séisme a également provoqué :
- la perte des deux alimentations électriques externes de la centrale qui n’a pas été compensée par les groupes électrogènes de secours pour des raisons actuellement inconnues ;
- un tsunami qui a affecté la station de pompage de la centrale nucléaire, station permettant in fine le refroidissement du réacteur (source froide).
Cette perte totale des alimentations externes et internes du réacteur a entrainé la perte de refroidissement du coeur du réacteur, refroidissement déjà altéré par la perte de la source froide.
Les autorités japonaises ont rapidement décrétées des mesures de protection des populations : évacuation des personnes à proximité de la centrale (rayon de 2km) et mise à l’abri (rayon de 10km). La mesure d’évacuation a par la suite été étendue jusqu’à 20 km.
A la suite d’une augmentation de la pression à l’intérieur de l’enceinte de confinement (qui a atteint 0,8 MPa), il a été décidé de procéder à une décompression volontaire de cette enceinte par un rejet contrôlé et filtré à l’atmosphère. Cette opération a été réalisée le 12 mars 2011 à 14h30 (heure locale) sans problème. La pression intérieure de l’enceinte est redescendue à 0,4 MPa.
Vers 14h40 (heure locale) des détecteurs à l’extérieur du site mesurent des traces de césium puis d’iode radioactifs. Ceci suggère une dégradation, au moins partielle, du coeur du réacteur, ce qui a été ultérieurement confirmé par l’exploitant TEPCO.
A 15h36 (heure locale), une violente explosion a eu lieu dans la partie supérieure du bâtiment réacteur entraînant l’effondrement du toit. Cette explosion est vraisemblablement due à l’hydrogène généré puis accumulé lors des opérations de décompression de l’enceinte de confinement.
Le gouvernement japonais a déclaré par la suite que l’enceinte de confinement est néanmoins restée intègre après l’explosion.
Les mesures de radioactivité effectuée dans l’environnement à proximité de la centrale montrent une décroissance de celle-ci après l’explosion. Les valeurs maximales atteintes, en termes de débit de dose, était de l’ordre de 1 mSv/h (c’est-à-dire que la limite annuelle d’exposition d’une personne du public – 1 mSv – est atteinte en 1 heure d’exposition ; pour mémoire, en France, la limite annuelle d’exposition d’un travailleur est de 20 mSv).
Les prévisions météorologiques confirment que la direction du vent reste orientée vers l’Ouest, donc vers l’Océan pacifique, ce qui est un élément favorable pour les populations locales.
A 20h20 (heure locale), l’exploitant TEPCO a initié le noyage de l’enceinte de confinement en y injectant de l’eau de mer borée ; la durée prévue de cette opération est d’environ 10h. Ceci permettra un certain refroidissement du coeur (par l’extérieur de la cuve).


L’incident a été classé par l’Autorité de sûreté japonaise au niveau 4 de l’échelle INES qui en comporte 7, ce qui correspond à un accident nucléaire ayant des conséquences locales. Pour mémoire, l’accident de Tchernobyl (Ukraine, 1986) correspond à un niveau 7 et l’accident de Three Mile Island (Etats-Unis, 1979) à un niveau 5.
I.2 – Point de la situation sur les réacteurs n°2 et 3
Les réacteurs n°2 et 3 ont été automatiquement mis à l’arrêt lors du séisme. Ils ne sont plus refroidis depuis plusieurs heures. Il semblerait que la pression dans l’enceinte de confinement des réacteurs soit en augmentation. L’ouverture des vannes de dépressurisation de chaque enceinte de confinement est envisagée.
I.3 – Point de la situation sur les réacteurs n°4 à 6
Les réacteurs n°4 à 6 étaient à l’arrêt pour maintenance (arrêt de tranche) lors du séisme. TEPCO indique ne pas avoir de problème de sûreté sur ces réacteurs.


II – Centrale nucléaire de Fukushima Daini
Les quatre réacteurs sont à l’arrêt et toutes les grappes de commande ont été insérées. De plus, les alimentations électriques externes sont disponibles.
Il semblerait que pour l’un des réacteurs, il y ait eu une rupture de tuyauterie dans l’enceinte de confinement.
Les autorités japonaises ont décidé l’évacuation du public dans un rayon de 10 km.
A 23 h (heure locale), la situation était la suivante :
• Réacteur 1 : Le niveau d’eau est stable (grâce à l’injection d’eau par le Make-up Water Condensate System). Il est apparu une augmentation de la pression dans l’enceinte de confinement et l’exploitant s’est préparé à une décompression volontaire de l’enceinte.
• Réacteur 2 : Le niveau d’eau est stable (grâce à l’injection d’eau par le Make-up Water Condensate System). Il est apparu une augmentation de la pression dans l’enceinte de confinement et l’exploitant s’est préparé à une décompression volontaire de l’enceinte.
• Réacteur 3 : Le niveau d’eau est stable. Il est apparu une augmentation de la pression dans l’enceinte de confinement et l’exploitant s’est préparé à une décompression volontaire de l’enceinte.
• Réacteur 4 : Le niveau d’eau est stable (grâce à l’injection d’eau par le Make-up Water Condensate System). De l’eau est en outre injectée par le Reactor Core Isolation Cooling System. Il est apparu une augmentation de la pression dans l’enceinte de confinement et l’exploitant s’est préparé à une décompression volontaire de l’enceinte.
• Les balises de mesure de la radioactivité autour du site n’ont pas relevé d’élévation de la radioactivité par rapport au niveau habituel.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Personnaly © -  Hébergé par Overblog