Présentation du Chili, prochain adversaire de l'équipe de France
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Deux mois après la fin de la saison 2010/2011, conclue par un périple en Europe de l'Est, et trois semaines avant d'y retourner pour le compte des éliminatoires de l'Euro 2012 (Albanie puis Roumanie), l'équipe de France s'offre un petit interlude exotique avec une rencontre amicale face au Chili à Montpellier. Présentation du futur adversaire sud-américain des Bleus.
Petite présentation initiale du pays, comme d'habitude. Le Chili (Chileen espagnol) est un pays d'Amérique du Sud à la fois long et étroit, qui s'étend sur plus de 4.000 km le long de l'océan Pacifique. Il est frontalier de l'Argentine, du Pérou et de la Bolivie et est avec l'Équateur l'unique pays sud-américain à ne pas posséder de frontière terrestre avec le Brésil. Indépendant de l'Espagne depuis 1810, le Chili a une superficie d'environ 750.000 km² et compte plus de 16 millions d'habitants. Santiago est à la fois la capitale et la plus grande ville puisqu'elle concentre à elle seule près du tiers de la population du pays. Valparaíso et Concepción sont deux autres villes importantes de ce pays.
Le Chili est, comme la plupart des pays d'Amérique du Sud, venu très tôt au football. La fédération chilienne est fondée en 1895 et la sélection joue son premier match en 1910 face au voisin argentin. En 1916, le Chili est l'une des quatre équipes participantes à la première Copa América. Le Chili est l'une des trois équipes sud-américaines (avec l'Équateur et le Venezuela) à n'avoir jamais remporté la compétition, atteignant au mieux la finale à quatre reprises (1955, 1956, 1979 et 1987).
En 1930, la sélection chilienne est présente en Uruguay pour la première édition de la Coupe du Monde. Versée dans le groupe A, comprenant l'Argentine, le Mexique et... la France, le Chili sort dès la phase de groupes (victoires face à la France et au Mexique et défaite face à l'Argentine) car à l'époque seul le premier du groupe a le droit de franchir le premier tour. Le Chili ne participe pas ensuite aux deux Coupes du Monde d'avant-guerre organisées en Europe mais fait son retour au Brésil, en 1950. Avec une nouvelle élimination au premier tour : le Chili termine en effet troisième du groupe B derrière l'Espagne et l'Angleterre et devant les États-Unis (une victoire face aux Américains, deux défaites face aux deux équipes européennes).
Douze ans plus tard, c'est en tant qu'organisateur que le Chili fait son retour en Coupe du Monde. À domicile, il réalise le meilleur parcours de son histoire. Il se qualifie pour les quarts de finale en terminant deuxième de son groupe derrière la RFA mais devant la Suisse et surtout l'Italie, que le Chili a battu 2-0 au terme d'une rencontre où les fautes furent tellement nombreuses qu'on lui donna a posteriori le nom de « Bataille de Santiago ». En quarts de finale, le Chili élimine l'URSS (2-1) avant de s'incliner face au futur vainqueur brésilien en demi-finales (2-4). Mais celle que l'on surnomme, comme l'Espagne, la Rojava se consoler en remportant la petite finale face à la Yougoslavie (1-0). Cette troisième place, le Chili la doit en partie à son buteur Leonel Sánchez, auteur de quatre buts durant la compétition et toujours détenteur du record de sélections (84). Pour la première (et pour l'instant) unique fois de son histoire, le Chili enchaîne une deuxième participation consécutive à un Mondial en étant présent lors de l'édition 1966 en Angleterre. Mais sa prestation sera cette fois beaucoup plus anonyme, les Chiliens se faisant sortir dès le premier tour avec à la clé la dernière place du groupe D (un nul et deux défaites) derrière l'URSS, la Corée du Nord et l'Italie.
Ce n'est qu'en 1974 que la sélection chilienne fait son retour en Coupe du Monde. Mais sa qualification a été obtenue de manière légèrement surréaliste. Jugez plutôt. Le groupe qualificatif du Chili ne lui donne le droit qu'à une place pour un barrage face à une équipe européenne, qui sera l'URSS. Mais à cette période, le Chili est en plein trouble à cause du coup d'état qui a vu le président élu Salvador Allende, un socialiste, être renversé par Augusto Pinochet. Le match aller à Moscou s'est soldé par un match nul 0-0. En signe de protestation, les joueurs soviétiques refusent de faire le déplacement à Santiago et les joueurs chiliens, seuls sur le terrain, inscrivent symboliquement le but de la qualification. Il y en avait plus à en dire sur la qualification chilienne que sur la participation de la sélection au tournoi. Reversée dans le groupe 1 en compagnie des deux Allemagne (dont la RFA, pays organisateur) et l'Australie, le Chili sort dès la phase de groupes après une défaite face à la RFA, futur vainqueur (0-1) et deux matchs nuls face à la RDA (1-1) puis à l'Australie (0-0).
Le Chili doit attendre encore huit ans pour participer à une Coupe du Monde. En 1982 en Espagne, le Chili tombe dans le groupe 2 accompagné de la RFA, de l'Autriche et de l'Algérie. Bilan : 3 défaites en trois matchs (0-1 contre l'Autriche, 1-4 contre la RFA et 2-3 face à l'Algérie). Mais en inscrivant deux buts en seconde période face aux Algériens alors qu'ils étaient menés, les Chiliens ont précipité l'élimination des Verts dès le premier tour, élimination qui sera entérinée par le « match de la honte » qui vit la RFA battre l'Autriche 1-0, un score suffisant pour qualifier les deux équipes et éliminer l'Algérie.
Après cette humiliante élimination, ce n'est pas huit ans mais seize que le Chili devra attendre pour participer de nouveau à une Coupe du Monde. En 1998, en France, la Rojahérite du groupe B en compagnie de l'Italie, de l'Autriche et du Cameroun. Emmenée par son duo offensif Salas – Zamorano ainsi que par son emblématique gardien Nelson Tapia, elle franchit cette fois le premier tour mais à la manière de l'Italie en 1982, sans remporter la moindre rencontre mais en faisant trois matchs nuls face à l'Italie (2-2), l'Autriche (1-1) et le Cameroun (1-1). Mais elle ne connaitra pas le même destin final que les Italiens de 1982 (qui ont terminé champions du monde) puisqu'elle se fera corriger par le Brésil en huitièmes de finale (1-4).
En 2000, le Chili parvient a décrocher la médaille de bronze lors des Jeux Olympiques de Sydney, avec une équipe renforcée par Tapia et Zamorano. Avant d'entamer un déclin inexorable.
Les éliminatoires de la Coupe du Monde 2002 sont une véritable catastrophe pour la sélection chilienne, dernière de la poule unique sud-américaine avec seulement douze points (trois victoires, trois nuls et douze défaites). Entre temps, Iván Zamorano a pris sa retraite internationale en septembre 2001 lors d'un match face à la France conclu par une surprenante victoire 2-1.
Le Chili échoue aussi à se qualifier pour la Coupe du Monde en 2006 mais se met un peu plus en valeur. Il termine septième (cinq victoires, six nuls, sept défaites) avec 22 points soit à peine trois points de moins que l'Uruguay, barragiste. Une période plus faste semble voir le jour.
Mais les Chiliens ne brillent guère à la Copa América 2007, au Venezuela. Ils ne se qualifient pour les quarts de finale qu'au bénéfice d'une place parmi les meilleurs troisièmes, avant de se faire étriller par le futur vainqueur brésilien (1-6). De mauvaise augure avant de disputer les qualifications pour la Coupe du Monde 2010.
En août 2007, la fédération chilienne choisit de nommer à la tête de la sélection l'argentin Marcelo Bielsa, ancien sélectionneur de l'Albiceleste(1998 – 2004) en vue du Mondial. Et ça marche ! « El loco » (le fou) révolutionne le style de jeu de la Rojaen s'appuyant sur des passes rapides et en n'hésitant pas à jouer en 3-4-3. Le Chili termine deuxième de la poule unique sud-américaine avec 33 points (dix victoires, trois nuls et cinq défaites) soit seulement un de moins que le Brésil. Durant ces éliminatoires, les Chiliens ont notamment battu l'Argentine de manière retentissante (1-0) en octobre 2009, entrainant la démission du sélectionneur argentin Alfio Basile. Auteur de dix buts, soit le meilleur total de la zone AmSud, l'avant-centre Humberto Suazo a été l'un des acteurs majeurs de la qualification. En Afrique du Sud, le Chili hérite d'un groupe homogène. Si l'Espagne semble inatteignable, la Suisse et le Honduras semblent être des adversaires à la portée de la Roja. Pour son entrée dans la compétition, le Chili s'impose face au Honduras (1-0). Une victoire qui pouvait être anecdotique si elle n'était pas la première pour le Chili dans une Coupe du Monde depuis 1962 et le succès lors du match pour la troisième place face à la Yougoslavie. Dans la foulée, le Chili bat la Suisse (1-0) et se rapproche des huitièmes de finale. Mais il reste à passer l'obstacle espagnol. Face au futur vainqueur, le Chili joue bien mais est sanctionné par deux coups du sort : une erreur de son gardien puis une expulsion injustifiée. L'Espagne mène 2-0 à la mi-temps mais le Chili parvient à réduire la marque. Et comme dans le même temps la Suisse et le Honduras se sont neutralisés (0-0), le Chili s'est emparé de la deuxième place, se qualifiant ainsi pour les huitièmes de finale. Où il retrouve le Brésil, comme en 1998, pour un résultat quasi-identique. Handicapée par de nombreuses suspensions, la sélection chilienne chute lourdement face à la Seleção(0-3) mais a montré de belles promesses durant la compétition.
Ce qui fait d'elle l'une des favorites pour la Copa América 2011, en Argentine. Même si entre temps, Marcelo Bielsa a démissionné en raison de conflits internes à la fédération (voir ici, un article paru néanmoins avant la démission de l'Argentin) pour être remplacé par son compatriote Claudio Borghi. Le Chili termine en tête de son groupe devant l'Uruguay, le Pérou et une équipe bis du Mexique (deux victoires (2-1 face au Mexique et 1-0 face au Pérou) et un nul (1-1 face à l'Uruguay)) mais se fait sortir dès les quarts de finale par une surprenante et réaliste équipe du Venezuela (1-2).
Mais cette déception ne doit pas occulter les progrès réalisés par un Chili toujours aussi séduisant dans le jeu malgré le changement de sélectionneur et qui a su s'imposer comme étant l'une des meilleures sélections mondiales. Au classement FIFA du 29 juillet dernier, le Chili occupe la onzième place, quatre rangs devant la France.
La véritable force de la sélection chilienne, c'est son collectif. Et pour cause, cette équipe possède peu de noms ronflants ou de joueurs évoluant dans de grands clubs européens. Ce qui ne signifie pas pour autant que ces derniers soient dépourvus de talent. À noter trois absences de marque : les milieux de terrain Matías Fernández (25 ans, Sporting Portugal) et Mark González (27 ans, CSKA Moscou) ainsi que l'avant-centre vedette Humberto « Chupete » (sucette) Suazo (30 ans, CF Monterrey (Mexique)). Tous trois sont blessés
Claudio Bravo(28 ans) est le portier de la Real Sociedad depuis 2006. Il est le titulaire des cages de la sélection depuis 2004 et porte le brassard de capitaine. Miguel Pinto(28 ans, Atlas (Mexique)) est son habituelle doublure.
Parmi les défenseurs habituellement titulaires, on retrouve Pablo Contreras. Âgé de bientôt 33 ans, le joueur du PAOK Salonique a porté les couleurs de Monaco durant la saison 1999/2000 et a remporté le championnat de France. Mais il a du quitter la principauté en janvier 2001 en raison d'une affaire de faux passeports. Autre titulaire en défense, Gonzalo Jara(25 ans) évolue au sein du club anglais de West Bromwich Albion depuis 2009. Le chevelu Waldo Ponce(28 ans, Cruz Azul (Mexique)) complète la défense centrale. Gerson Acevedo(23 ans) a reçu sa première convocation. Il évolue en deuxième division russe, au Mordovia Saransk.
Le milieu de terrain recèle de profils divers et variés et de joueurs polyvalents indispensable pour le système de jeu « flexible » du Chili depuis l'époque Bielsa. L'exemple type de ce genre de joueur est Mauricio Isla(23 ans, Udinese), capable d'évoluer partout en défense comme au milieu de terrain. Milieu axial révélé sous le maillot de Leverkusen entre 2007 et 2011, Arturo Vidal(24 ans) a signé pour 12,5 millions d'euros à la Juventus Turin cet été. Ancien joueur de Boca Juniors, le milieu défensif Gary Medel(24 ans) s'est imposé à Séville où il évolue depuis janvier dernier. Marco Estrada(28 ans) jouera à domicile si l'on peut dire, puisqu'il porte les couleurs de Montpellier depuis l'été 2010. Ce gaucher s'est rapidement imposé au sein de l'effectif héraultais. Carlos Carmona(24 ans) et Nicolás Córdova(32 ans) sont des habitués du championnat italien puisqu'ils évoluent respectivement à l'Atalanta Bergame et à Brescia. Natif du Venezuzla, Jorge Valdivia(27 ans) porte le numéro 10 dans cette sélection. Après être passé par l'Espagne, la Suisse et les Émirats Arabes Unis, ce meneur de jeu évolue aujourd'hui au sein du club brésilien de Palmeiras. Luis Jiménez(27 ans) n'aura jamais réellement brillé en Europe, même s'il a été un temps titulaire sous le maillot de l'Inter Milan. Après un échec à West Ham puis un an à Cesena, il a préféré s'exiler vers les pétrodollars des Émirats Arabes Unis, au sein du club d'Al-Ahli. Surnommé « el Francés » (le français), Jean Beausejour(24 ans) doit son nom très « bleu-blanc-rouge » à son père, d'origine haïtienne. Cet ailier gauche, gaucher pur, évolue depuis l'été 2010 à Birmingham City. Mais celui dont tout le monde parle, c'est Alexis Sánchez. Après une saison 2010/2011 canon à l'Udinese, où il aura formé un superbe duo offensif avec l'italien Antonio Di Natale, ce talentueux attaquant polyvalent de 22 ans était convoité par l'Europe entière. Le meilleur joueur de la saison en Italie a finalement signé au FC Barcelone contre un chèque de 26 millions d'euros plus 11,5 de bonus éventuels. Felipe Seymour(24 ans, Genoa) et Francisco Silva(25 ans, Universidad Católica) sont voués à jouer les seconds rôles.
Seulement deux véritables attaquants de pointe ont été sélectionnés pour ce match. Fabián Orellana(25 ans) appartient à l'Udinese mais n'a jamais porté les couleurs du club du Frioul. Il a passé les deux dernières saisons en prêt en Espagne, à Xerez puis à Grenade. C'est lui qui a inscrit le but de la victoire chilienne face à l'Argentine en éliminatoires du Mondial 2010. Diego Rubioest un très jeune joueur (18 ans) issu d'une famille de footballeurs. Il vient de quitter Colo-Colo, l'un des grands clubs du pays, pour rejoindre le Sporting Portugal.
Il n'y a eu que quatre matchs dans l'histoire entre la France et le Chili. Le premier d'entre eux a eu lieu à Montevideo en juillet 1930, lors de la première Coupe du Monde de l'histoire. Les Sud-américains se sont imposés 1-0. Il a fallu attendre trente ans pour voir les deux équipes s'affronter à nouveau. En mars 1960, la France s'est largement imposée (6-0). Les Bleus s'offriront un nouveau succès en mars 1994 (3-1) avant que la Rojane mette fin à 71 ans de disette en septembre 2001, pour le dernier match international d'Iván Zamorano. Alors au fond du trou, le Chili a surpris son monde en battant une équipe de France alors quasi invincible (2-1). À cette époque, les Bleus, privés d'éliminatoires pour le Mondial 2002 car qualifiés d'office, aimaient se balader aux quatre coins du monde (Afrique du Sud, Chili, Australie...) comme des rock-stars, sans se douter de ce qui allait arriver en Corée du Sud quelques mois plus tard.
Le bilan global est donc équilibré : deux victoires françaises pour deux victoires chiliennes, 10 buts français pour 4 buts chiliens.