Présentation de la Biélorussie prochain adversaire de la France
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Direction l'Europe de l'est pour les Bleus. Avant de retrouver l'Ukraine puis la Pologne, les deux pays organisateurs de l'Euro 2012, l'équipe de France devra gérer un déplacement difficile en Biélorussie dans le cadre, justement, des éliminatoires de cet Euro. Petite présentation du prochain adversaire des Bleus.
Un petit topo sur le pays, pour commencer. La Biélorussie ou Bélarus (Беларусь (Bélarous)en biélorusse) est un pays d'Europe orientale sans accès à la mer, frontalier avec la Russie, l'Ukraine, la Pologne, la Lituanie et la Lettonie. Elle occupe une superficie de 207.600 km² et est peuplée d'environ 10 millions d'habitants. Sa capitale est Minsk tandis que Gomel, Moguilev ou Brest sont les autres villes importantes. Le biélorusse est langue officielle (avec le russe) mais il n'est parlé que par une petite partie de la population. Indépendante depuis 1991 et la chute de l'URSS, la Biélorussie est dirigée d'une main de fer par Alexandr Loukachenko depuis 1994, un dirigeant considéré comme étant le dernier dictateur d'Europe. Isolé politiquement, son pays fait régulièrement l'actualité en raison de multiples atteintes aux droits de l'homme.
La Biélorussie n'a jamais été un grand pays de football. À l'époque, la sélection soviétique ne comptait d'ailleurs que peu de joueurs d'origine biélorusse dans ses rangs. Deux joueurs semblent toutefois se dégager : Edouard Malofeïev, membre de la sélection d'URSS finaliste de l'Euro 1964 et quatrième du Mondial 1966, ainsi que Sergueï Aleinikov qui faisait partie notamment de l'équipe soviétique du Mondial 1986 et de l'Euro 1988. Ce dernier a d'ailleurs été élu « Joueur en or » biélorusse (1).
La Biélorussie est devenue membre de la FIFA en 1992, après son indépendance. Elle devra attendre toutefois 1994 et les éliminatoires de l'Euro 1996 pour disputer ses premiers matchs officiels. Reversée dans un groupe 5 assez relevé comprenant notamment les Pays-Bas, la Norvège et la République Tchèque, la Biélorussie termine quatrième de son groupe (et manque donc la qualification) avec 3 victoires, 2 nuls et 5 défaites en 10 matchs. Elle aura toutefois réalisé l'exploit de battre les Néerlandais (1-0) à Minsk en juin 1995.
Les Biélorusses disputent ensuite à partir de juin 1996 leurs premiers éliminatoires de Coupe du Monde, comptant pour le Mondial 1998 qui aura lieu en France. Dans un groupe comprenant l'Autriche, l'Écosse et la Suède, l'ancienne république soviétique se rate totalement et termine à la dernière place de son groupe avec 1 victoire, 1 nul et 8 défaites en 10 matchs.
Les éliminatoires de l'Euro 2000 ne se déroulent guère mieux pour la Biélorussie qui termine encore une fois dernière de son groupe de qualification (dans un groupe comprenant l'Italie, le Danemark, la Suisse et le Pays de Galles) avec aucune victoire pour 3 nuls et 5 défaites en 8 matchs. Mais ses trois matchs nuls ont été obtenus face aux deux meilleures équipes du groupe : face au Danemark (0-0 à Minsk en septembre 1998), et à deux reprises face à l'Italie (1-1 à Ancône en mars 1999 puis 0-0 à Minsk en octobre 1999).
La Biélorussie relève la tête pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2002. Elle termine troisième de son groupe de qualification derrière la Pologne et l'Ukraine mais devant la Norvège, le Pays de Galles et l'Arménie. Son bilan est de 4 victoires pour 3 nuls et 3 défaites, soit un total de 15 points, soit à peine deux de moins que son voisin ukrainien, barragiste. Durant son parcours qualificatif, la Biélorussie s'est notamment distinguée en décrochant un nul en Ukraine (0-0 en mars 2001) et en battant la Norvège (2-1, toujours en mars 2001) et la Pologne (4-1 en septembre 2001).
Mais cette brillante campagne qualificative n'est qu'un simple feu de paille. La Biélorussie s'effondre en effet de nouveau dans les éliminatoires de l'Euro 2004 en terminant dernière de son groupe derrière la République Tchèque, les Pays-Bas, l'Autriche et la Moldavie, avec un bilan d'une victoire pour 7 défaites en 8 matchs.
Les éliminatoires pour la Coupe du Monde 2006 se déroulent un peu mieux. La Biélorussie échappe à la place de lanterne rouge de son groupe cette fois mais ne finit que cinquième derrière le futur champion du monde italien, la Norvège, l'Écosse et la Slovénie mais devant la Moldavie. Elle aura encore réalisé quelques exploits : des matchs nuls en Norvège (1-1 en septembre 2004) et en Slovénie (1-1 en mars 2005) ainsi qu'une courte défaite en Italie (3-4 en octobre 2004) au cours d'une rencontre très disputée.
La situation s'améliore encore pour les éliminatoires de l'Euro 2008. La Biélorussie termine cette fois à la quatrième place, loin derrière la Roumanie, les Pays-Bas et la Bulgarie mais devant l'Albanie, la Slovénie et le Luxembourg, avec un bilan de 4 victoires, 1 nul et 7 défaites en 12 matchs. Des éliminatoires durant lesquels la Biélorussie a battu les Pays-Bas (2-1) pour ce qui reste à ce jour l'un des plus grands exploits du football biélorusse.
Le scénario reste le même pour la Biélorussie lors des éliminatoires du Mondial 2010 : encore une quatrième place, derrière l'Angleterre, l'Ukraine et la Croatie mais devant le Kazakhstan et Andorre, avec un bilan de 4 victoires, 1 nul et 5 défaites. À défaut de réaliser des exploits cette fois, la Biélorussie s'est faite plaisir offensivement (19 buts en 10 matchs).
Lors du tirage au sort des éliminatoires de l'Euro 2012, la Biélorussie était placée dans le chapeau 4. Elle a hérité d'un groupe assez homogène avec la France, la Roumanie, la Bosnie-Herzégovine, l'Albanie et le Luxembourg. Son premier match dans ces éliminatoires a eu lieu en septembre dernier, au Stade de France, sur le terrain de Bleus en pleine reconstruction. Grâce à un but inscrit en toute fin de match, la Biélorussie s'est imposée (1-0) et a provoqué un véritable coup de tonnerre. Cette victoire est désormais considérée comme étant le plus grand exploit réalisé par la sélection biélorusse. Dans la foulée, elle a enchaîné avec un match nul face à la Roumanie (0-0). En octobre, les Biélorusses ont été incapables de poursuivre leur série positive en concédant le nul au Luxembourg (0-0) avant toutefois de battre l'Albanie (2-0). C'est chez ce même adversaire que la Biélorussie a concédé sa première (et pour l'instant unique) défaite dans ces éliminatoires en mars dernier (0-1). La Biélorussie est actuellement deuxième du groupe avec 8 points, soit quatre de moins que la France, mais sa position est fragile et elle n'a plus le droit à l'erreur.
En résumé, la Biélorussie ne s'est donc jamais qualifiée pour une grande compétition internationale, mais elle est toujours capable de coups d'éclats occasionnels. Méfiance donc. À noter que si les A ne se sont jamais qualifiés pour une phase finale d'Euro, les espoirs ont déjà participé à deux reprises au Championnat d'Europe des Nations dans cette catégorie (en 2004 et 2009) et sont qualifiés pour l'édition 2011, grâce notamment à une éclatante victoire sur l'Italie en barrages (0-2, 3-0 a.p.)
Les joueurs biélorusses sont pour la plupart d'illustres inconnus, issus pour la plupart du grand club du pays, le BATE Borissov (champion sans discontinuer depuis 2006, une participation en Ligue des Champions en 2008/2009) ou du championnat russe voisin. Seul Alexandr Hleb (ou Gleb) a réussi à se faire un nom. Mais l'ancien joueur d'Arsenal, Barcelone et Stuttgart ne sera pas présent pour affronter les Bleus pour cause de blessure. D'autres cadres manquent à l'appel : le gardien Anton Ameltchenko (Lokomotiv Moscou (RUS)), le milieu Sergueï Krivets (Lech Poznań (POL)) ainsi que les attaquants Vitali Koutouzov (Bari (ITA)) et Vitali Rodionov (BATE Borissov). Présents dans la liste, Dmitri Moloch, Alexandr Koultchi et Sergueï Kornilenko seront néanmoins suspendus face à l'équipe de France... mais ils auront quand même droit à leur présentation.
Dans les buts, Iouri Jevnov(30 ans) est le titulaire indiscutable. Ancien gardien du défunt FK Moscou, il évolue depuis 2010 au Zenit Saint-Pétersbourg, champion de Russie en titre, où il n'est pas parvenu à se faire une place de titulaire. Ce qui ne l'empêche pas d'assumer son rôle de numéro 1 en sélection, où il est également capitaine. Jevnov a par ailleurs été élu joueur biélorusse de l'année 2010. Sa doublure est Sergueï Veremko(28 ans), ancien gardien du BATE Borissov parti en début d'année à Sebastopol, en Ukraine. Sergueï Tchernik(23 ans, FK Neman Grodno) fêtera quant à lui face aux Bleus sa première convocation, même s'il ne devrait être que numéro 3.
Les défenseurs titulaires sont généralement Igor Chitov(24 ans, BATE Borissov) à droite, Alexandr Martynovitch(23 ans, FK Krasnodar (RUS)) et Sergueï Omelyantchouk(30 ans, Terek Grozny (RUS)) dans l'axe ainsi que Dmitri Moloch(29 ans, Krylya Sovetov Samara (RUS)) à gauche. Ce dernier, connu pour ses frappes de loin, sera suspendu face à l'équipe de France. Parmi les remplaçants habituels, deux joueurs évoluent dans le championnat local : Maxim Bordatchev(24 ans, BATE Borissov) et Dmitri Verkhovtsov(24 ans, Naftan Novopolotsk). Maxim Javnertchik (26 ans)évolue chez le voisin russe, au Kouban Krasnodar, tandis que Vitali Troubilo(26 ans), qui joue dans le championnat tchèque, au Slavia Prague, est convoqué pour la première fois.
Les milieux défensifs habituellement alignés sont Yan Tigorev(27 ans, Tom Tomsk (RUS)), ancien capitaine du club ukrainien du Metalourg Zaporijjye ainsi que Alexandr Koultchi. L'inépuisable joueur du club russe du FK Krasnodar, 37 ans, évolue dans le championnat russe depuis 1997 (successivement au Dynamo, au Chinnik Iaroslavl, à Tomsk, à Rostov et donc depuis 2011 à Krasnodar). Élu joueur biélorusse de l'année en 2009, Koultchi, international depuis 1994, détient le record de sélections en équipe de Biélorussie (91). Mais il ne sera pas la contre les Bleus, lui aussi suspendu. Joueur polyvalent, Timofeï Kalatchev(30 ans, FK Rostov (RUS)) assure généralement le rôle de doublure. Alexandr Bytchenok(26 ans, Dynamo Minsk) et Pavel Sitko(25 ans, Chakhtyor Soligorsk) évoluent dans le championnat local et sont assez peu connus. Ce qui n'est pas le cas des deux talentueux milieux offensifs que sont Sergueï Kislyak(23 ans) et Anton Putilo(23 ans). Le premier cité a quitté le Dynamo Minsk pour le club russe du Roubine Kazan en début d'année, où il ne s'est pour l'instant pas réellement imposé. C'est lui qui a marqué le but victorieux pour la Biélorussie au Stade de France. Quant au second, c'est l'un des rares joueurs biélorusses à évoluer dans l'un des cinq grands championnats. Ancien joueur du Dynamo Minsk, Putilo évolue depuis juin 2010 au sein du club allemand de Fribourg après être brièvement passé par Hambourg en 2008. Kislyak et Putilo sont deux joueurs très prisés des amateurs de Football Manager.
En attaque, en l'absence de Koutouzov et Rodionov, le principal danger se nomme Sergueï Kornilenko(27 ans). Cet attaquant robuste appartient au Zenit Saint-Pétersbourg mais il n'a joué en réalité que six mois chez le champion en titre. Prêté en 2010 à Tomsk puis au Roubine Kazan, il a réalisé une année remarquable (14 buts) qui lui a valu d'attirer l'œil des recruteurs du club anglais de Blackpool qui a obtenu son prêt début 2011. Mais son passage en Angleterre a été un flop retentissant (6 apparitions dont seulement 3 comme titulaire). Suspendu, Kornilenko ne sera pas là face aux Bleus. Viatcheslav Hleb(28 ans), frère de Alexandr, qui est revenu début 2011 dans son club formateur du Dynamo Minsk après des passages infructueux en Allemagne (Stuttgart, Hambourg), en Suisse (Grasshopper) et même en Chine, est l'une des options offensives, tout comme le jeune Andreï Voronkov(22 ans) qui évolue au sein du club ukrainien du Krvybass Kryvyï Rih, en prêt du Dynamo Kiev.
Le sélectionneur de cette équipe est l'Allemand Bernd Stange (63 ans), en poste depuis 2007. Originaire de l'ex-RDA, il a pour particularité d'avoir travaillé en tant qu'informateur non-officiel pour la Stasi, l'ancienne police politique est-allemande. Il avait pour tache de surveiller les joueurs est-allemands en contact avec des clubs de la RFA.
La Biélorussie a longtemps été l'une des rares équipes européennes à ne jamais avoir affronté la France (2). La première rencontre entre les deux équipes a eu lieu au Stade de France, le 3 septembre dernier. Elle s'est soldée par une victoire surprise des Biélorusses grâce à un but inscrit à la 86ème minute par Sergueï Kislyak. La Biélorussie sera t-elle capable de réaliser un nouvel exploit ? Pas si sur car depuis la dynamique s'est inversée. La France, qui était encore dans sa spirale négative post-Mondial 2010, a depuis relevé la tête et arrivera à Minsk en tant que favorite.
(1) En 2004, pour fêter son cinquantenaire, l'UEFA a demandé à chaque fédération de choisir son meilleur joueur des 50 dernières années, Sergueï Alenikov a été choisi par la Biélorussie. La France a choisi de son côté d'élire Just Fontaine, l'Italie Dino Zoff, l'Espagne Alfredo Di Stéfano, l'Angleterre Bobby Moore, l'Allemagne Fritz Walter, le Portugal Eusebio et les Pays-Bas Johan Cruyff, entre autres. Les 52 noms retenus (un par fédération) sont les joueurs en or de l'UEFA. Liste complète ici.
(2) Il reste sept équipes que la France n'a toujours pas affronté en Europe : l'Estonie, le Kazakhstan, le Liechtenstein, la Macédoine, la Moldavie, le Monténégro et Saint-Marin.