Présentation d'Algérie - Maroc par Karim
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Dans les deux pays, on ne parle plus que de ça ! Le 27 mars prochain, le Stade du 19 mai 1956 de Annaba sera plein à craquer pour accueillir le choc de cette troisième journée d'éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations 2012 entre l'Algérie et le Maroc. Mais ce derby n'aura pas qu'un aspect symbolique puisqu'il sera également très important sur un plan comptable, dans la course à la qualification. Petite mise en perspective avant le choc sur le terrain.
La situation dans le groupe D
Résultats:
Algérie – Tanzanie: 1-1 (ALG: Adlène Guedioura (45'); TAN: Rajabu Idrissa (32'))
Maroc – République Centrafricaine: 0-0
République Centrafricaine – Algérie: 2-0 (Charlie Dopékoulouyen (81'), Hilaire Momi (85'))
Tanzanie – Maroc: 0-1 (Mounir El Hamdaoui (42'))
À suivre: Algérie – Maroc; Tanzanie – République Centrafricaine
Classement:
1. République Centrafricaine (4, 2, 1, 1, 0, 2, 0, +2)
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2. Maroc (4, 2, 1, 1, 0, 1, 0, +1)
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3. Tanzanie (1, 2, 0, 1, 1, 1, 2, -1)
4. Algérie (1, 2, 0, 1, 1, 1, 3, -2)
L'Algérie a réalisé un départ catastrophique en empochant un point sur ses deux premiers matchs. Le nul inaugural concédé face à la Tanzanie (1-1) a coûté son poste de sélectionneur à Rabah Saâdane. Mais son successeur Abdelhak Benchikha a fait pire pour son premier match en concédant une défaite humiliante sur le terrain de la modeste République Centrafricaine (0-2). La qualification semble déjà compromise pour l'Algérie, dernière du groupe, et une victoire face au Maroc est absolument impérative.
Côté marocain, la situation est un peu meilleure. Le départ a été également catastrophique avec un nul face à la surprenante République Centrafricaine (0-0) mais le Maroc est ensuite parvenu à s'imposer en Tanzanie (1-0). Les Lions de l'Atlas sont deuxième du groupe à égalité de points avec le leader centrafricain qui possède cependant une meilleure différence de buts. Une victoire mettrait le Maroc dans des conditions idéales tandis qu'une défaite ne le condamnerait pas totalement.
L'historique
L'Algérie et le Maroc se sont affrontés à 25 reprises. Le premier match entre les deux équipes a eu lieu le 1er novembre 1965 à Alger et s'était terminé sur un match nul (0-0). La dernière confrontation en date entre les deux équipes date du 8 février 2004, lors de la CAN organisée en Tunisie.
L'Algérie était parvenue à passer le premier tour à la surprise générale, en terminant derrière le Cameroun mais devant son rival de toujours, l'Égypte, que les Fennecs ont battu en phase de poules (2-1) en jouant une grande partie du match à 10 contre 11 grâce notamment à un exploit individuel de Houcine Achiou, un joueur promis à l'époque à un grand avenir mais qui a depuis inexorablement coulé. À bientôt 32 ans, il évolue toujours dans le championnat algérien sous les couleurs de l'USM Alger, son unique expérience en Europe, du côté de Aarau en deuxième division suisse, s'étant soldée par un échec retentissant. Mais il restera toujours dans les annales du football algérien grâce à ce superbe but (disponible ici en vidéo, mes excuses par avance pour la qualité de l'image... et des commentateurs) qui lui valut notamment sur les bords du Nil le surnom d'El-Harami (que l'on peut traduire par « le traître »). Le Maroc était de son côté au meilleur de sa forme et avait terminé en tête de son groupe, devant notamment le Nigeria et l'Afrique du Sud. Dans ce match, l'Algérie pensait tenir sa qualification en ouvrant le score à six minutes de la fin du temps réglementaire grâce à un but d'Abdelmalek Cherrad. Mais au bout de six minutes d'arrêts de jeu, le Maroc parviendra à égaliser grâce à un jeune (20 ans) attaquant inconnu à l'époque, un certain Marouane Chamakh, contraignant les deux équipes à passer par les prolongations. Durant celles-ci, l'Algérie craque physiquement et Youssouf Hadji (113') puis Jaouad Zaïri (120'+1') se chargeront d'achever les rêves algériens. Le match se termine sur une double polémique : juste après la rencontre des supporters algériens sont pris à partie par la police tunisienne. Le choix de jouer ce match dans le petit stade de Sfax plutôt qu'au Stade olympique d'El Menzah, à Tunis, a été très critiqué. Quelques jours plus tard, des rumeurs de dopage ont circulé concernant la sélection marocaine, impliquant une disqualification du Maroc et une qualification par défaut de l'Algérie pour les demi-finales. Des rumeurs vites démenties. Le Maroc poursuit ensuite son parcours jusqu'en finale où il sera battu par l'organisateur tunisien (1-2).
Le bilan global est plutôt favorable au Maroc : 9 victoires pour les Lions de l'Atlas contre 6 pour l'Algérie et 10 matchs nuls. À noter également que la dernière victoire algérienne face au Maroc remonte à plus de 31 ans : c'était le 13 mars 1980 à Ibadan, au Nigeria durant la CAN (1-0).
(source : Wikipédia)
La dynamique actuelle
La roue a malheureusement tourné pour l'Algérie. Depuis ce fameux 18 novembre 2009 et la volée d'Antar Yahia sous la barre du gardien égyptien Essam El-Hadary lors du barrage qui a envoyé l'Algérie au Mondial 2010, les Verts enchaînent les contre-performances. Depuis ce match, le bilan algérien est en effet de 3 victoires, 3 nuls, 9 défaites, 7 buts marqués pour 23 encaissés, avec pour terminer 2010 un nul concédé face au modeste Luxembourg ! Si la CAN 2010 s'est plutôt bien déroulée, avec une quatrième place, la suite a été en revanche nettement moins brillante puisque l'Algérie n'a ensuite remporté qu'un seul match, face aux Émirats Arabes Unis dans le cadre de la préparation pour le Mondial 2010. Un Mondial décevant où, malgré un nul plus qu'honorable face à l'Angleterre (0-0), l'Algérie a été éliminée dès le premier tour avec deux défaites frustrantes face à des équipes largement à sa portée : la Slovénie (0-1) puis les États-Unis (0-1). Si la solidité de la défense n'est pas remise en cause, l'inefficacité offensive a en revanche été pénalisante puisque l'Algérie est la seule équipe du tournoi, avec le Honduras, a ne pas avoir trouvé le chemin des filets.
L'opinion publique algérienne a quant à elle retourné sa veste quant à son équipe nationale. En moins d'un an, les héros qui jouaient dans les plus grands clubs européens sont devenus des tocards de deuxième division. La vérité se situe sans doute au milieu de ces deux affirmations puisque certains joueurs algériens parviennent à tirer leur épingle du jeu en Europe. La liste des joueurs sélectionnés fait en tout cas la part belle au héros de 2010 puisque 14 des 23 sélectionnés étaient déjà la en Afrique du Sud. Quelques joueurs locaux ont intégré l'équipe, parfois issus de l'équipe qui a brillamment terminé quatrième du dernier Championnat d'Afrique des Nations (une sorte de CAN réservée aux joueurs des championnats africains). Généralement, l'appel aux joueurs du championnat algérien est la solution retenue lorsque la sélection est en crise de résultats. Une option qui s'est rarement avérée payante dans le passé. Néanmoins cette équipe, qui va jouer son premier match en 2011 (le match prévu en février face à la Tunisie ayant été annulé officiellement pour des problèmes électriques, officieusement par peur de débordements) a de la qualité et n'a rien à envier à celle du Maroc. Reste à confirmer sur le terrain. L'Algérie en est capable et elle n'a de toute façon plus le choix.
Le Maroc a de son côté complétement manqué ses éliminatoires pour la Coupe du Monde 2010. Sa dernière place dans son groupe de qualifications, derrière le Cameroun, le Gabon et le Togo (6 matchs, 3 nuls, 3 défaites) lui a même valu une non-qualification pour la CAN 2010. Pour redresser la barre, la fédération marocaine a décidé de faire appel à l'ancien entraîneur de l'Olympique de Marseille Éric Gerets. Ce dernier a dans un premier temps laissé son adjoint Dominique Cuperly aux commandes, le temps de terminer son contrat avec le club saoudien d'Al-Hilal. Le Belge a pris officiellement ses fonctions au début de cette année, et son premier match à la tête des Lions de l'Atlas s'est soldé par une victoire nette (3-0) sur le Niger qui confirme la bonne série marocaine enclenchée depuis le mois d'août.
Gerets a en tout cas à sa disposition un effectif de qualité (la liste ici), emmené notamment par le capitaine Houssine Kharja (Inter Milan) et par Marouane Chamakh (Arsenal). De nombreux joueurs de Ligue 1 sont également présents. Attention toutefois à ne pas tomber dans un optimisme béat côté marocain puisque si Kharja et Chamakh sont des cadres en sélection ils sont remplaçants dans leurs clubs respectifs. Une problématique similaire à celle de l'Algérie, au final. Et si la dynamique actuelle peut sembler favorable au Maroc, il ne faut pas oublier que tout va très vite dans le football. De plus, on peut difficilement prévoir le résultat d'un tel match où une dimension honorifique s'ajoute à l'enjeu sportif.
En résumé, que le meilleur gagne...
… mais ONE, TWO, THREE, VIVA L'ALGÉRIE !
Karim