Péages, "ecopass" : quand il faut payer pour circuler en ville

Comment nos villes vont elles gérer demain la multiplication encore et toujours des voitures individuelles à l'heure où une fenêtre de prise de conscience écologique semble subsister, y compris au cœur de la crise ?


Milana été, en 2008, la première ville italienne à avoir instauré un "Ecopass" pour accéder au centre-ville. 43 portiques électroniques munis de caméras surveillent les entrées de la ville. Le prix de l’"Ecopass" varie de 2 à 10 euros par jour en fonction des émissions polluantes des véhicules. Un abonnement permanent de 50 à 300 euros est également proposé. L'argent récolté grâce aux tickets Ecopass est dédié au développement des transports en commun.


En
Allemagne, de nombreuses initiatives ont été prises par les villes pour inciter les automobilistes à acquérir des véhicules légers moins polluants :

Depuis le 1er janvier 2008, à Berlin, Cologne et Hanovre, seuls les véhicules répondant à des normes très précises sont autorisés à circuler dans les zones à faibles émissions polluantes (ZFE pour Umweltzonen). Ils doivent être munis d'une vignette spécifique, vendue entre 5 et 10 euros.


En pratique :

  • Les véhicules ayant un moteur à essence sans pot catalytique bien réglé et les véhicules diesel-Euro 1 n'obtiennent pas de vignette en raison des émissions importantes de particules fines et de dioxyde d’azote.
  • Les vignettes rouges correspondent à la norme Euro 2 et à la norme 1 pour les véhicules diesel équipés d’un filtre à particules. Ces véhicules ne pourront pas circuler dans les "Umweltzonen" après 2012.
  • Les vignettes jaunes correspondent à la norme Euro 3 pour les véhicules diesel et à la norme 2 pour les véhicules diesel équipés d’un filtre à particules.
  • Les vignettes vertes sont réservées à tous les véhicules ayant un moteur à essence et un pot catalytique bien réglé ainsi qu’aux véhicules diesel qui soit remplissent au moins la norme européenne relative au gaz d’échappement Euro 4, soit se contentent de la norme Euro 3 mais avec l’ajout d’un filtre à particules performant.

À Stockholm, les élus ont souhaité diminuer fortement la circulation intramuros et ont interrogé, par référendum, les habitants sur l’opportunité un "péage de ville". Une (petite) majorité y étant favorable, il a été mis en place en 2007. Le montant de la taxe d’entrée ou sortie du centre-ville varie de 10 à 20 couronnes (1,05 à 2,10 euros) selon les horaires, avec un plafond de 60 couronnes (6,30 euros) par jour et par véhicule. Les revenus du péage sont  réinvestis dans les transports en commun. Les premiers résultats sont positifs. Le nombre de kilomètres parcourus en centre-ville a chuté de 15 % et s’est accompagné d’une réduction des particules fines de 13 %.


Le pari gagnant de la municipalité de Londres


La municipalité du Grand Londres a mis en place en 2003 un péage urbain (
Congestion charge). Même si la zone concernée a été étendue en février 2007, le péage ne "filtre" les entrées que sur une petite partie du territoire du centre ville, relativement peu habitée, mais où l’activité est intense et le nombre d’emplois importants.

Entre 7 heures et 18 heures, pour pénétrer dans cette zone contrôlée en voiture particulière (VP), il faut s’acquitter - par SMS par exemple - d’une taxe de 8 £ (9,15 €) du lundi au vendredi (à l'exclusion des jours fériés). Oublier de payer serait une bien mauvaise idée (il faut le faire dans la journée) car les amendes sont très chères ! (50 £ !). Les résidents bénéficient d’une réduction de 90 % et les véhicules 100 % électriques comme les véhicules hybrides (thermique + électrique, essence + GPL, essence + GNV) ou encore les véhicules de 9 places et plus sont exonérés de toute taxe.


Le Congestion Charge génère chaque année plus de 100 millions de £ (115 millions d’€) qui permettent de favoriser une mobilité durable pour tous. Comment ? En améliorant les transports en commun (augmentation du nombre d’autobus et de lignes d’autobus) mais aussi la sécurité routière : aménagements pour la circulation des piétons et des cyclistes, accès plus sûrs aux écoles, mise en place de mesures pour faciliter la livraison et le stationnement des véhicules de livraison.

 

La question était de savoir si le péage jouait son rôle : décongestionner la City. On sait aujourd’hui que le système a répondu aux attentes. En effet :

  • le trafic des VP a diminué d'environ 15 % ;

  • la vitesse des véhicules a augmenté de 20 % pour les VP, de 7 % pour les autobus ;

  • l’augmentation des déplacements en transports en commun a été substantielle ;

  • la réduction de la pollution - due à la conjonction de deux facteurs, la diminution du trafic et l’augmentation de la vitesse -, a été significative.

    Enfin, la municipalité de Londres poursuivant sa politique de réduction de la pollution, a institué le 4 février 2008 une Zone à faibles émissions polluantes (Low Emission Zone - LEZ). Plus large que la zone couverte par le péage, fonctionnant 24 h/24, elle ne concerne ni les VP, ni les motos, mais seulement les camions, autobus, autocars, autocaravanes, véhicules utilitaires et autres véhicules à moteur diesel qui ne satisfont pas au moins aux normes Euro 3. La redevance pour ces véhicules est de 200 £ (230 €) par jour.

     

  • Paris se met au courant ...


    Paris veut devenir exemplaire en matière de circulation automobile et de lutte contre pollution. La ville ne cache pas ses ambitions de conjuguer les enjeux de mobilité avec les impératifs de santé publique et d’environnement. Les efforts faits pour développer le tramway, renforcer l’offre de bus et de métro renforcée, mais aussi de navettes fluviales, étendre Vélib’, le vélo en libre service, vont dans ce sens. Le meilleur, cependant, reste à venir !


    La ville souhaite en effet généraliser
    l’usage des véhicules électriques pour le transport des personnes et des marchandises. Fidèles lecteurs du BLOGaL, nous demandons à voir !!!

Le péage urbain pourrait bien aussi arriver en France. Le projet d’un péage à l’entrée de Paris, évoqué depuis longtemps mais toujours éludé, revient, en effet, sur le devant de la scène, relancé par un amendement du Sénat de septembre 2009 autorisant les communes françaises de plus de 300000 habitants à tenter l’aventure pendant 3 ans. Le principe serait d’investir le produit du péage acquitté par les automobilistes dans un programme d’amélioration des transports publics.

 

... mais on attend encore de voir les premières réalisations

Ce sera sans doute l'expérimentation Seine Aval Véhicules Electrique (SAVE) lancée par EDF et Renault, dans le cadre du fonds démonstrateur de l’ADEME, cette expérimentation d’implantation de bornes en Seine-Aval (SAVE), animée localement par l’établissement public d’aménagement, l’EPAMSA, a pour enjeu d’appréhender tous les enjeux d’un déploiement de bornes dans les sphères privées et publiques, de la planification à la commercialisation.

Les bornes devraient être opérationnelles d’ici fin 2010, les voitures livrées progressivement à partir de début 2011, pour une exploitation jusqu’en 2012.

De premiers enseignements peuvent d’ores et déjà être tirés des prémisses de l’expérimentation :

- les industriels partenaires (EDF, Renault, Schneider) et les collectivités doivent s’accorder sur un cahier des charges type de déploiement des bornes ;
- différents modèles de commercialisation du service sont possibles ; plusieurs seront expérimentés ;
- une coordination des collectivités sur la plaque géographique est essentielle pour constituer un déploiement cohérent de bornes, entre elles et avec les systèmes de transport (coordination animée par l’EPAMSA pour l’expérimentation).

Le BLOGaL vous tiendra régulièrement au courant des REX de cette expérimentation. Juste un regret, qu'elle n'ait pas lieu dans notre région comme nous le proposions dans ces colonnes !

 

 

 

Un article d'@lx, compilé à partir d'un dossier du  site :

http://www.mobilite-durable.org/dossier-du-mois/dossier-du-mois-octobre-2009.html

 

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