Les conseils de l'IRSN aux français du Japon
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POINT DE SITUATION SUR L’ACCIDENT ET SES CONSEQUENCES
Ce chapitre résume les principales informations relatives aux opérations conduites sur le site de la
centrale de Fukushima, aux données disponibles sur les rejets radioactifs provenant des réacteurs
accidentés et aux conséquences environnementales de l’accident.
1. Situation sur le site de Fukushima-Daiichi et plan de sortie de crise
L’état de trois réacteurs (1, 2 et 3) reste préoccupant. De l’eau douce est maintenant utilisée pour
refroidir les réacteurs et les piscines. Néanmoins, ce refroidissement s’effectue toujours par
injection d’eau en cuve en circuit ouvert et ne peut donc être pérenne. Les débits d’injection d’eau
dans les réacteurs ont été augmentés afin de renoyer complètement les assemblages qui étaient
jusqu’alors partiellement à découvert. TEPCO injecte depuis le 6 avril à un débit faible de l’azote à
l’intérieur de l’enceinte du réacteur n°1 afin de limiter le risque d’explosion de l’hydrogène
présent dans ce bâtiment. La même action sera réalisée ultérieurement dans les enceintes des
réacteurs 2 et 3. Ces opérations, qui dureront plusieurs jours pour chaque réacteur, pourront
générer de nouveaux rejets atmosphériques. TEPCO suit de près le comportement de l’installation
pour vérifier que l’enceinte ne se dégrade pas (poids d’eau, résistance sismique). TEPCO n’a pas
confirmé la présence de fuite sur cette enceinte à ce stade. Il est prévu d’injecter de l’eau
également dans les enceintes des réacteurs n°2 et 3.
TEPCO a déplacé les tableaux d’alimentation électrique pour les protéger contre les effets d’un
tsunami.
La présence d’eau contaminée dans les bâtiments des turbines des trois unités résulte des
déversements d’eau sur les réacteurs pour assurer leur refroidissement ainsi que de probables fuites
d’eau en provenance des bâtiments des réacteurs 2 et 3. Le pompage de cette eau est une
opération délicate compte tenu de la quantité d’eau à traiter et de sa forte contamination.
Une fissure du puits adjacent au bâtiment turbine du réacteur 2 a entraîné un rejet direct d’eau
fortement contaminée dans la mer. TEPCO a stoppé ce rejet le 6 avril vers 6h00 heure locale en
colmatant la fuite par une injection de silicate de sodium. Une partie de l’eau contaminée présente
dans ce puits a été pompée et stockée dans le condenseur de la turbine afin de la « confiner ».
Du 4 au 10 avril, TEPCO a effectué des rejets volontaires en mer d’une eau qu’il qualifie de
« faiblement contaminée ». Il s’agit principalement de 10 000 tonnes d’effluents liquides stockés
dans des réservoirs, qui étaient en attente de traitement et de rejet avant l’accident. TEPCO
justifie cette opération par le besoin de libérer des capacités de stockage sur site pour accueillir les
eaux fortement contaminées présentes dans les bâtiments des trois unités accidentées. Après
vérification de l’étanchéité des réservoirs de stockage, TEPCO a commencé le 19 avril le transfert
de l’eau présente dans le bâtiment turbine du réacteur 2 dans ces réservoirs.
Les mesures effectuées pendant plusieurs jours dans l’eau de mer à proximité de la centrale ont
montré une forte contamination du milieu marin, conséquence de l’écoulement vers la mer d’une
partie des eaux très contaminées présentes dans les unités accidentées.
Des rejets atmosphériques (panaches de vapeur) se poursuivent vraisemblablement mais ils sont de
faible ampleur et sans commune mesure avec ceux résultant des opérations de dépressurisation des
enceintes de confinement qui ont eu lieu au cours de la première semaine suivant le début de
l’accident. Ces rejets ne devraient pas modifier de manière notable, dans les prochains jours, la
contamination de l’environnement déjà présente.
Le 17 avril, TEPCO a présenté son plan de sortie de crise pour la centrale de Fukushima.
Le plan prévoit 2 phases. La première phase qui devrait durer 3 mois a pour objectif de réduire les
rejets radioactifs, de fiabiliser le refroidissement des réacteurs et des piscines et de sécuriser les
stockages d’eau contaminée. La seconde phase qui devrait durer entre 3 et 6 mois a pour objectif
de sécuriser les bâtiments afin de maîtriser les rejets radioactifs rendus faibles à l’issue de la phase 1, ainsi que d’atteindre un état d’arrêt froid pour les réacteurs et de diminuer la quantité d’eau contaminée présente sur site.
Par ailleurs, des travaux de renforcement des structures sous la piscine 4 (endommagées par
l'explosion) vont être engagés. TEPCO a indiqué qu’il n’y avait pas de fuite sur la piscine n°4.
L’IRSN estime que les actions décrites dans ce plan d’action sont crédibles, mais qu’il convient de
rester prudent sur les délais qui ne peuvent être qu’indicatif compte tenu de l’accessibilité très
difficile en raison de la contamination.
3. Dépôts radioactifs et contamination des denrées alimentaires terrestres
Dépôts radioactifs
L’IRSN ne dispose pas de suffisamment d’informations pour apprécier précisément l’importance et
la localisation des dépôts radioactifs.
Les informations fournies par les autorités japonaises ont permis à l’IRSN de reconstituer des dépôts
de radioactivité dans différentes préfectures. Ces cumuls réalisés depuis la date du 18 mars (date
des premières valeurs disponibles) ont atteint des niveaux élevés en césiums et en iode, par
exemple 28300 Bq/m2 de césium 137 et 29700 Bq/m2 d’iode 131 dans la préfecture d’Ibaraki.
Sur la semaine du 19 au 25 avril (dernières données disponibles), des retombées radioactives
atmosphériques ont pu être mesurées (voir tableau ci-après) mais elles sont négligeables au regard
des dépôts déjà accumulés au sol.
Préfecture I131 (Bq/m²) Cs137 (Bq/m²)
Fukushima 40 140
Ibaraki 120 190
Cumul des dépôts observés sur la période du 19 au 25 avril
Par rapport à ces valeurs calculées, des niveaux encore plus importants de dépôts sont observés
dans certaines zones plus proches du site accidenté en particulier dans la préfecture de Fukushima.
Des valeurs maximales de dépôts cumulés au 31 mars de 3 250 000 Bq/m² d’iode 131 et de
2 200 000 Bq/m² de césium 137 ont ainsi été mesurées sur la commune de Iitate par une équipe des
Universités de Kyoto et d’Hiroshima.
D’un point de vue général, la contamination des sols en iode est en diminution visible et l’apport
des retombées radioactives des derniers jours est trop faible pour compenser la décroissance
radioactive des dépôts.
Végétaux
Pour mémoire, les niveaux maximaux admissibles au Japon sont de 500 Bq/kg pour les césiums et de
2000 Bq/kg pour l’iode.
Les nouvelles mesures fournies par le ministère de la santé japonaise (MLHW) montrent que des
concentrations importantes de césiums ou d’iodes radioactifs sont encore observées dans des
prélèvements effectués dans des denrées produites dans les zones autour de la centrale.
Selon les derniers résultats de mesure dont dispose l’IRSN, les valeurs maximales observées dans des
légumes à feuilles récoltés dans les préfectures de Fukushima et Ibaraki sur la période du 18 au 25 avril sont présentés dans le tableau ci-après.
Préfecture Date I131 (Bq/kg) Cs134 + Cs137 (Bq/kg)
Fukushima 18/04 120 5400
Ibaraki 21/04 140 180
Sur la préfecture de Fukushima, des végétaux prélevés le 18 avril dépassent les niveaux maximaux
admissibles au Japon. Depuis cette date, les activités bien que mesurables restent en deçà des
limites de consommation japonaises, autant en iode qu’en césiums.
Pour les prélèvements réalisés dans les autres préfectures, aucun dépassement des niveaux
maximaux admissibles au Japon n’est à signaler sur la période du 18 au 25 avril.
Champignons
Pour mémoire, les niveaux maximaux admissibles au Japon sont de 500 Bq/kg pour les césiums et de
2000 Bq/kg pour l’iode.
Les valeurs maximales recueillies dans les préfectures de Fukushima et Ibaraki sur la période du 14 au 21 avril (dernières données disponibles) sont présentés dans le tableau ci-après.
Préfecture Date I131 (Bq/kg) Césiums
(Bq/kg)
Fukushima 14/04 3500 6300
Ibaraki 20/04 20 48
Dans la préfecture de Fukushima, nombre de lieux de prélèvements présentent des valeurs
significatives, en particulier à Iitate.
Lait
Pour mémoire, le niveau maximal admissible pour la consommation et la commercialisation au
Japon est de 100 Bq/L d’iode et de 200 Bq/L de césiums.
Les valeurs maximales recueillies sur la période du 19 au 25 avril (dernières données disponibles)
dans les préfectures de Fukushima et Ibaraki sont présentés dans le tableau ci-après.
Préfecture date I131 (Bq/L) Cs (Bq/L)
Fukushima 19/04 17 Non détecté
Ibaraki 22/04 1 Non détecté
Dans la préfecture de Fukushima, un seul des 10 prélèvements effectués sur la période présente une
contamination dépassant la limite de détection des équipements de mesure.
Viande
Sur la période du 19 au 25 avril la seule mesure recueillie porte sur un prélèvement dans la
préfecture de Yamagata et ne montre aucune contamination détectable.
Eaux du robinet
Les valeurs relevées à compter du 19 avril dans les préfectures japonaises révèlent des valeurs au
maximum de l’ordre de 1 Bq/L d’iode-131 (Tochigi) et inférieurs à 1 Bq/L de césiums, ce qui est
très inférieur aux normes de consommation qui sont respectivement de 300 Bq/L et 200 Bq/L.
Conclusion
Les mesures auxquelles l’IRSN a eu accès ne permettent pas une analyse complète de la situation.
Toutefois, ces mesures indiquent qu’aucun accroissement sensible des dépôts et de la
contamination n’a été observé ces derniers jours. Au contraire, les dépôts surfaciques et la
contamination des aliments par l’iode ont fortement diminué sur le dernier mois. La contamination
par le césium a également diminué dans les denrées. Toutefois des valeurs supérieures aux niveaux
maximaux admissibles persistent ponctuellement dans les légumes à feuilles et les champignons.
Enfin, du strontium radioactif a été également détecté dans la Préfecture de Fukushima. Il convient
cependant de souligner que les rares valeurs mesurées sont très en deçà de celles constatées pour
les iodes et les césiums :
échantillons de sols : de 13 à 260 Bq/kg de strontium 89 à Iitate-mura et Namie-machi
échantillons de végétaux : de 12 à 61 Bq/kg de strontium 89 mesurés entre 40 et 80 km
à l’ouest de la centrale.
Ceci tend à suggérer que la dispersion, voire le rejet, des strontiums ont été beaucoup plus faibles
que dans le cas des iodes et des césiums.
4. Contamination de l’eau de mer et des espèces marines au Japon
Une pollution radioactive est observée dans le milieu marin, à plus ou moins grande distance de la
centrale de Fukushima-Daiichi. Les principaux radionucléides régulièrement mesurés dans l'eau de
mer sont : iode 131, césium 137, césium 134, césium 136, tellure 132/iode 132. D’autres ont
également été décelés occasionnellement, à des concentrations plus faibles.
Cette pollution radioactive a trois origines possibles : les rejets radioactifs liquides venant du site
accidenté, les retombées atmosphériques sur la surface de la mer et le transport de pollution
radioactive par lessivage des terrains contaminés.
L’eau de mer
Les mesures effectuées pendant plusieurs jours dans l’eau de mer à proximité immédiate de la
centrale (quelques centaines de mètres) ont montré une forte contamination du milieu marin,
conséquence de l’écoulement vers la mer d’une partie des eaux très contaminées présentes dans les
unités accidentées. L’impact de ces rejets liquides a été observé à partir du 21 mars à proximité de
la centrale.
Les concentrations en radionucléides décroissent lorsque l’on s’éloigne de la centrale de Fukushima
Dai-Ichi. Elles sont environ 10 fois plus faibles à 15 km de la centrale et 100 à 500 fois plus faibles à
30 km.
A la distance de 30 km des côtes pour les latitudes situées entre Dai-ichi et Dai-ini :
- En surface, les concentrations en césium 137 et en iode 131 ont augmenté après le 30 mars pour
atteindre respectivement 190 Bq/L et 160 Bq/L le 15 avril, conséquence de la progression vers le
sud de la pollution radioactive ;
- En profondeur les concentrations mesurées sont inférieures à 15 Bq/L pour l’iode 131 et 10 Bq/L
pour le césium 137 (3 valeurs sur 4 sont inférieures à la limite de détection).
Les poissons et les autres espèces marines
Pour mémoire, les niveaux maximaux admissibles fixés par les autorités japonaises pour les produits
de la mer après l’accident de Fukushima sont 2000 Bq/kg pour l’iode 131 et de 500 Bq/kg pour le
césium 137.
L’espèce de poisson qui présente les niveaux de contamination les plus élevés est l’anguille des
sables ou lançon japonais (Ammodytes personatus). Cette espèce est pêchée localement et de façon
saisonnière (janvier à avril). Les niveaux les plus élevés ont été atteints le 13 avril chez des
individus débarqués au port d’Iwaki dans la préfecture de Fukushima : 12000 Bq/kg en iode 131,
6200 Bq/kg en césium 134 et 6300 Bq/kg en césium 137. Les prélèvements les plus récents
disponibles (Iwaki) indiquent toujours une contamination considérable des lançons (3900Bq/kg
d’iode-131 et 14400Bq/kg de césiums).
Les autres valeurs concernant les produits de la mer se situent généralement au-dessous de
200 Bq/kg pour l’iode 131, et de 100 Bq/kg pour les deux isotopes du césium.
RECOMMANDATIONS GENERALES POUR LES RESIDENTS FRANÇAIS AU JAPON
Les rejets radioactifs provenant de la centrale de Fukushima Daiichi ont causé une pollution
radiologique sur une partie du territoire terrestre et maritime, essentiellement les préfectures de
Fukushima, Tochigi, Ibaraki et Miyagi. Les recommandations ci-après ont pour objectif d’aider à
limiter autant que possible les expositions aux rayonnements induits par ces rejets et les dépôts au
sol en résultant. L’exposition directe aux rejets radioactifs dispersés dans l’air (exposition externe
au rayonnement émis par le panache radioactif et inhalation de particules radioactives) est
essentiellement passée, les rejets étant actuellement de faible importance. Aujourd’hui, le risque
d’exposition est principalement lié à la consommation d’aliments contaminés par les retombées
atmosphériques. Les denrées les plus sensibles à cette pollution radioactive sont les légumes à
feuilles et le lait des animaux qui consomment de l’herbe ou du fourrage contaminé. Dans certaines
zones de la préfecture de Fukushima, et au-delà de la zone de 30 km autour du site nucléaire, des
dépôts importants ont été identifiés et peuvent entraîner une dose significative par irradiation
externe en cas de séjour prolongé.
Les recommandations suivantes ne font naturellement pas obstacle à l’application des prescriptions
édictées par les autorités japonaises. Ces prescriptions évoluent régulièrement et sont accessibles
sur le site du Ministère japonais de la Santé à l’adresse suivante :
http://www.mhlw.go.jp/english/topics/2011eq/index.html.
1. Recommandations de pratiques alimentaires pour l’ensemble des résidents français au Japon
L’IRSN recommande :
- en l’absence d’information sur la provenance et la qualité radiologique des denrées fraiches,
d’éviter autant que possible la consommation prolongée de légumes à feuilles (épinards, hana
wasaki, kakina, komatsuna, laitue, chrysanthème, chou, chou blanc, chou chinois (bok choy),
céleri, brocolis, persil), de champignons, de poissons (en particulier le lançon japonais (ou
anguille des sables)) ;
- de s’assurer que les denrées fraiches listées ci-dessus provenant de préfectures où des
dépassements des normes autorisant la consommation ont été observés pour ces produits
(Fukushima, Tochigi, Ibaraki, Miyagi, Gunma, Saitama, Tokyo, Kanagawa, Chiba) sont
conformes à la réglementation japonaise en vigueur ;
- d’éviter de donner aux enfants du lait produit depuis le 11 mars dans les préfectures de
Fukushima, Tochigi, Ibaraki, Miyagi et Gunma.
Aucune limitation d’usage de l’eau du robinet pour la préparation et la cuisson des aliments n’est à
envisager.
Les produits stockés sous emballage hermétique au moment de l’accident (conserves, produits secs,
lait UHT ou l’eau minérale embouteillée), peuvent être consommés sans risque.
Il est important de noter que la consommation occasionnelle de denrées contaminées même à des
niveaux légèrement supérieurs aux normes autorisées ne présente pas un risque significatif pour la
santé.
Recommandations pour les résidents français dans les territoires les plus impactés par les dépôts radioactifs
D’une manière générale, il est recommandé d’éviter de se rendre dans les préfectures de Miyagi,
Ibaraki, Tochigi et surtout Fukushima pour des activités de loisir ou de tourisme, afin d’éviter des
doses injustifiées par irradiation externe due aux dépôts radioactifs, même si les doses
potentiellement reçues seraient faibles dans une grande partie de ces préfectures.
A l’inverse, du fait même du caractère faible des doses potentiellement reçues, il n’est plus justifié
d’éviter de se rendre pour des activités professionnelles ou pour des raisons personnelles
importantes, dans les préfectures de Myagi, Ibaraki et Tochigi, sous réserve d’appliquer par
précaution toutes les recommandations listées ci-dessous pour les ressortissants français résidant
dans ces préfectures.
Enfin, il est fortement déconseillé de se rendre dans le quart Nord-Est de la préfecture de
Fukushima, en particulier à une distance de moins de 40 km de la centrale, en l’absence de
nécessité impérative. Dans ce dernier cas, il conviendrait de rester dans cette zone pour un temps
limité au strict nécessaire, d’appliquer rigoureusement les recommandations listées ci-dessous et de
limiter le séjour dans cette zone aux seuls adultes.
En tout état de cause, il est impératif de respecter les consignes concernant les zones où les
autorités japonaises ont formulé une demande d’éloignement de la population. Ces zones couvrent
un rayon de 20 km autour de la centrale de Fukushima, de même que les communes de Katsuraomura,
Namie-Machi, Iitate-mura, Kawamata-Machi et Minami Soma-Shi.
S’agissant des ressortissants français résidant dans les préfectures de Miyagi, Fukushima, Ibaraki et
Tochigi, il convient de suivre les consignes diffusées par les autorités japonaises. En tout état de
cause, l’IRSN recommande :
- de préparer l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants avec de l’eau minérale
embouteillée.
- de limiter au maximum la consommation de denrées provenant d’un jardin potager ou d’un
élevage familial.
- de laver soigneusement les fruits et légumes.
L’IRSN recommande également des bonnes pratiques d’hygiène à domicile afin de limiter les
transferts de contamination à l’intérieur des bâtiments :
- laisser ses chaussures à l’extérieur, surtout par temps pluvieux,
- laver régulièrement les sols avec un linge humide,
- laver les grilles d’aération et les systèmes de ventilation,
- passer régulièrement l’aspirateur sur la surface des meubles, les tapis et les moquettes
(changer régulièrement les sacs d’aspirateur).
Il est également recommandé de se laver régulièrement les mains avec du savon liquide en
distributeur afin de limiter les risques de contamination involontaire par contact main-bouche.
La radioactivité se mesure en Becquerel (Bq).
Le Becquerel caractérise la radioactivité (on parle plus simplement d’activité)
d’un matériau radioactif et correspond au nombre de désintégrations par
seconde.
ANNEXE 1 : Qu’est ce que la radioactivité ?
La radioactivité fait partie, depuis l’origine des temps, de l’environnement et de l’homme lui-même. Ce
phénomène naturel permet au noyau instable d’un atome de se transformer en un noyau plus stable par
libération d’un excès d’énergie. La diminution d’énergie qui accompagne cette libération d’énergie se fait par
émission de particules (alpha, bêta), accompagnées parfois d’un rayonnement de photons (gamma, X).
PARTICULES ET RAYONNEMENTS IONISANTS
Certains noyaux atomiques (radionucléides ou atomes radioactifs) sont dits « instables ». Un noyau instable
finit par libérer son excès d’énergie en se désintégrant, de manière spontanée, en un autre atome. Cette
désintégration radioactive s’accompagne de l’émission d’un rayonnement ou d’une particule élémentaire.
INTERACTIONS DES PARTICULES ET DES RAYONNEMENTS IONISANTS AVEC LA MATIERE
Les principaux types de rayonnements sont au nombre de 3 :
• Le rayonnement alpha : formé de noyaux lourds d'hélium, il ne parcourt que
quelques centimètres dans l'air et peut être arrêté par une feuille de papier.
• Le rayonnement bêta : formé d'électrons (négatifs) ou positons (positifs), il
parcourt quelques mètres dans l'air et peut être stoppé par une paroi de bois,
de verre ou d’aluminium.
• Les rayonnements gamma ou X : formés de photons (gamma plus énergétiques
que X), ils parcourent plusieurs centaines de mètres dans l'air ; des écrans épais
de plomb ou de béton sont nécessaires pour les arrêter.
Ces rayonnements transportent une énergie importante
qui est progressivement absorbée par la matière
traversée. Il en résulte alors des perturbations
(ionisation) au sein de la matière (en particulier les tissus
vivants).
Source : http://www.industrie.gouv.fr
DECROISSANCE ET PERIODE RADIOACTIVES
Plus l’activité d’une source radioactive est élevée, plus la quantité de rayonnement émis par cette source est
importante. Après plusieurs désintégrations radioactives, un radionucléide se transforme en nucléide stable : le
caractère radioactif disparaît. L’ensemble de ce phénomène se nomme « décroissance radioactive de
l’élément ».
Le rythme de décroissance radioactive d’un élément est caractérisé par la période radioactive (ou demi-vie),
durée au bout de laquelle la radioactivité (concentration) d’un élément a été divisée par deux. Selon le noyau,
la période est plus ou moins longue.
Période radioactive
Te132 / Iode
132
78 h
Iode 131 8 jours
Césium 134 2,1 ans
Source : IRSN Césium 137 30,2 ans
ANNEXE 2 : Effets des rayonnements ionisants ?
Les effets de la radioactivité sur la santé ne sont pas dus aux radionucléides eux-mêmes mais aux
rayonnements qu’ils émettent quand ils se désintègrent.
• PRINCIPALES VOIES D’EXPOSITION POUR L’HOMME
Une personne peut être exposée aux rayonnements ionisants de deux façons différentes :
- par exposition externe lorsque la source est à l'extérieur de l'organisme,
- par exposition interne lorsque la source de rayonnement est absorbée à l'intérieur de l'organisme
(notamment par ingestion ou inhalation).
EXPOSITION EXTERNE
L’exposition externe peut se produire :
- à partir d'une source de rayonnements externe et distante, qui peut être
ponctuelle ou, au contraire, de grande dimension et diffuse (par exemple un
rayonnement émis à partir de la radioactivité du sol contaminé…) ;
EXPOSITION INTERNE
L’exposition interne peut intervenir de différentes façons :
- par ingestion de produits contaminés (par exemple des aliments) ;
- par ingestion involontaire de contamination déposée sur la peau, notamment les
mains
- par inhalation de particules radioactives présentes dans l'air lors du passage du
panache radioactif ou après remise en suspension des particules déposées sur les
surfaces ;
L'exposition interne dure tant que les substances radioactives demeurent dans le corps. Elles y séjournent plus
ou moins longtemps en fonction de la vitesse avec laquelle l’organisme les élimine.
CONTRIBUTION DES VOIES D’EXPOSITION DURANT LES DIFFERENTES PHASES D’UN ACCIDENT SUR
UN REACTEUR
En phase d’urgence, les principales voies d’exposition
sont l’inhalation de particules présentes dans le
panache radioactif et l’exposition externe aux
radionucléides présents dans le panache et, dans une
moindre mesure, déposés sur le sol.
En phase post-accidentelle, l’exposition d’un individu
est essentiellement due à l’ingestion de produits
contaminés et à l’exposition externe aux
radionucléides déposés dans l’environnement.
• NOTIONS DE « DOSE » : DU BECQUEREL AU SIEVERT
LA DOSE ABSORBEE
Lorsqu’ils traversent la matière, les rayonnements ionisants entrent en collision avec les atomes qui la
constituent et leur cèdent de l’énergie. Ce « transfert d’énergie » s’appelle la dose absorbée.
A forte dose, les rayonnements ionisants traversant un corps vivant provoquent la destruction des cellules et
induisent la nécrose des tissus au niveau des organes exposés. Des effets cliniques « aigus » sont alors
observables à plus ou moins court terme (ex : brûlures de la peau, cataracte, troubles hématologiques,…). Ces
effets à forte dose ne concernent pas les populations mais potentiellement les travailleurs qui seraient
intervenus lors des opérations d’urgence à la centrale.
LA DOSE EFFICACE
Les rayonnements ionisants induisent également des transformations des cellules qui, plusieurs années après
l’exposition, peuvent engendrer des effets sanitaires aléatoires dits « stochastiques », comme les leucémies et
divers cancers (poumons, thyroïde, voies digestives et urinaires). Ces effets peuvent être engendrés à plus
faibles doses et c’est la probabilité d’apparition de ces effets qui est liée à l’importance de la dose reçue (par
précaution, on suppose qu’il n’y a pas de seuil d’apparition, c'est-à-dire qu’une dose faible augmente
légèrement le risque d’obtention d’un effet). Pour quantifier le risque de survenue de ces effets, on utilise un
indicateur appelé “ dose efficace ”, dont l’unité de mesure est aussi le Sievert (Sv) et plus généralement le
milliSievert (mSv) ou microSievert (μSv). Dans le cas de l’exposition externe, on parle également de
débit de dose, grandeur qui correspond à la dose
reçue par un individu durant une unité de temps,
généralement une heure (par ex mSv/h ; μSv/h ;
nSv/h).
Le Sievert traduit l’effet d’un rayonnement
sur un organe. Ainsi, pour une même dose
absorbée, les dommages varient en fonction
de la nature du rayonnement, des modalités
d’exposition et de l’organe atteint.
source IRSN 29 avril 2011