La Pologne, l'autre organisateur de l'Euro 2012 de football
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Avant d'aller en vacances, les joueurs de l'équipe de France ont un dernier match à jouer en Europe de l'Est. Après la Biélorussie et l'Ukraine, c'est la Pologne qui affrontera les Bleus en match amical jeudi soir à Varsovie. Présentation de l'un des organisateurs de l'Euro 2012.
Comme d'habitude, présentation du pays avant celle de l'équipe. La Pologne (Polska en polonais) est un pays d'Europe orientale bordé par la Mer Baltique au nord et frontalier de l'Allemagne, de la Biélorussie, de la Lituanie, de la République Tchèque, de la Slovaquie, de l'Ukraine ainsi que de l'enclave russe de Kaliningrad. Sa superficie est de 312.685 km² et sa population de près de 39 millions d'habitants. Varsovie est la capitale est plus grande ville du pays ; les autres villes importantes étant Cracovie, Gdansk, Katowice, Poznanet Wroclaw. Anciennement membre du bloc communiste et dirigée par Bronisław Komorowski depuis 2010, la Pologne est devenue membre de l'Union Européenne en 2004. Elle a connu une histoire tourmentée est n'est indépendante que depuis 1918, même si ses frontières actuelles ont été fixées après la deuxième guerre mondiale.
La Pologne est ce que l'on peut appeler une nation de football. Son histoire footballistique démarrant bien avant celle de la Biélorussie ou de l'Ukraine, je vous épargnerais cette fois tous les détails pour me consacrer à l'essentiel.
La sélection polonaise participe à sa première Coupe du Monde en 1938, en France. Elle est éliminée dès les huitièmes de finale (à l'époque, il n'y avait pas de phases de groupe) par le Brésil (5-6). Après quoi, elle traverse une longue période creuse.
Ce n'est que dans les années 1970 que le football polonais revient sur le devant de la scène. En 1972, à Munich, la Pologne remporte le Tournoi Olympique de Football masculin, en battant la Hongrie en finale (2-1) à une époque où les sélections d'Europe de l'Est trustaient les médailles d'or (à l'époque, seuls les amateurs pouvaient participer, et le sport professionnel étant interdit dans les pays communistes les équipes d'Europe de l'Est pouvaient faire participer leurs meilleurs joueurs). Deux ans plus tard, elle brille à la Coupe du Monde 1974 en RFA, en terminant troisième avec notamment des victoires sur l'Argentine et l'Italie durant une phase de poules où elle termine en tête. Elle ne termine que deuxième de la deuxième phase de groupes (qui a remplacé les quarts de finale) derrière la RFA mais elle bat le Brésil (1-0) dans le match de classement. Un joueur a illuminé la compétition de sa classe : Grzegorz Lato, meilleur buteur du tournoi avec 7 buts.
En 1978, la Pologne est de nouveau qualifiée pour la Coupe du Monde en Argentine. Leader de son groupe devant la RFA, la Pologne est éliminée au tour suivant car seulement troisième d'un groupe très relevé comprenant l'Argentine et le Brésil.
La Pologne s'illustre de nouveau en 1982, en Espagne. Elle termine de nouveau en tête de son groupe, devant l'Italie, ce qui lui permet d'accéder au second tour. À nouveau, elle se hisse à la première place devant la Belgique et surtout devant l'URSS, validant ainsi son ticket pour les demi-finales. Mais privée de son meilleur joueur Zbigniew Boniek, suspendu, la Pologne s'incline face à l'Italie, futur vainqueur (0-2) mais se rattrape avec une nouvelle troisième place grâce à une victoire (3-2) face à une France meurtrie par sa tragique défaite en demi-finales face à la RFA.
En 1986, au Mexique, la Pologne passe de justesse le premier tour grâce à la règle des meilleurs troisièmes derrière le Maroc et l'Angleterre mais elle échoue en huitièmes de finale, laminée par le Brésil (0-4). Notons que durant cette période dorée, la sélection polonaise n'est jamais parvenue à se qualifier pour la phase finale d'un Euro.
C'est le début d'une longue traversée du désert pour l'équipe nationale de Pologne, qui échoue alors à se qualifier pour les Coupes du Monde 1990, 1994 et 1998 ainsi que pour les Championnats d'Europe 1988, 1992, 1996 et 2000.
Ce n'est qu'en 2002 que la Pologne fait son retour en phase finale. Durant les éliminatoires de la Coupe du Monde en Asie, elle termine en tête de son groupe (6 victoires, 3 nuls et 1 défaite en 10 matchs) devant ses voisins ukrainiens et biélorusses mais aussi devant la Norvège, le Pays de Galles et l'Arménie. Une qualification que la Pologne doit beaucoup à Emmanuel Olisadebe, son attaquant d'origine nigériane (8 buts durant les éliminatoires). Mais la compétition se déroule moins bien. La Pologne démarre par une défaite face à l'organisateur sud-coréen (0-2) avant de couler face au Portugal (0-4). Déjà éliminée, elle parviendra à sauver l'honneur en battant les États-Unis (3-1).
Mais dans la foulée, elle échoue à se qualifier pour l'Euro 2004, en finissant seulement troisième de son groupe de qualification (4 victoires, 1 nul et 3 défaites en 8 matchs) derrière la Suède et la Lettonie et devant la Hongrie et Saint-Marin.
La Pologne réapparait durant les éliminatoires de la Coupe du Monde 2006, où elle termine deuxième de son groupe (8 victoires et 2 défaites en 10 matchs) derrière l'Angleterre et devant l'Autriche, l'Irlande du Nord, le Pays de Galles et l'Azerbaïdjan (à qui la Pologne a infligé un sévère 8-0 en mars 2005). Elle se qualifie toutefois directement pour la compétition grâce à la règle des meilleurs deuxièmes. En Allemagne, la Pologne hérite d'un groupe abordable comprenant le pays organisateurs, l'Équateur et le Costa Rica. Mais elle échoue encore une fois dès le premier tour, battue par l'Équateur (0-2) puis par l'Allemagne, de justesse (0-1) avant de battre le Costa Rica (2-1).
Après avoir fait son retour en Coupe du Monde, la Pologne veut aussi participer enfin à un Euro. Ce sera chose faite durant l'édition 2008. En éliminatoires, la Pologne termine en tête de son groupe, plutôt relevé (8 victoires, 4 nuls, 2 défaites en 12 matchs) devant le Portugal, la Serbie, la Finlande, la Belgique, le Kazakhstan, l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Durant ces éliminatoires, les Polonais sont restés invaincus face au Portugal (victoire 2-1 à Chorzow en octobre 2006 puis match nul 2-2 à Lisbonne en septembre 2007). Mais en phase finale, la Pologne déçoit à nouveau. Elle s'incline face à l'Allemagne (0-2, doublé de Lukas Podolski... d'origine polonaise!) avant d'être tenue en échec en fin de match par l'Autriche (1-1). Il reste à la Pologne une ultime chance de passer en s'imposant face à la Croatie, mais elle s'incline (0-1) face à une équipe bis.
Malgré cet échec, la Pologne vise une troisième qualification consécutive à une Coupe du Monde. Mais les éliminatoires du Mondial 2010, en Afrique du Sud, sont un véritable désastre. La Pologne termine avant-dernière de son groupe (3 victoires, 2 nuls, 5 défaites en 10 matchs) derrière la Slovaquie, la Slovénie, la République Tchèque et l'Irlande du Nord et devant Saint-Marin. Un véritable échec, surtout dans un groupe aussi homogène où aucun favori ne semblait se détacher. La Pologne se consolera durant ces éliminatoires en étrillant Saint-Marin par 10 buts à zéro le 1er avril 2009, pour la plus large victoire de son histoire.
La sélection polonaise pourra néanmoins participer pour la première fois de son histoire à deux Euros consécutifs. L'UEFA lui a en effet attribué,en co-organisation avec l'Ukraine, l'organisation de l'Euro 2012 le 18 avril 2007, à Cardiff. Devant l'Italie !
La Pologne n'a plus disputé de match officiel depuis octobre 2009. Elle se prépare pour « son » Euro avec des rencontres amicales sans obtenir de résultat véritablement probant pour le moment, si l'on excepte la victoire obtenue dimanche dernier face à une équipe d'Argentine bis (2-1). Au niveau de la préparation de l'évènement lui-même, la Pologne semble être plus avancée que l'Ukraine. Le stade de Poznan est déjà prêt, ceux de Gdansk et Wroclaw devraient l'être très prochainement. Quant à celui de Varsovie, qui accueillera l'ouverture de la compétition, il sera inauguré en septembre prochain à l'occasion d'un match amical face à l'Allemagne.
C'est un fait, la Pologne ne dispose pas d'une équipe très compétitive. Peu de joueurs évoluent dans des clubs majeurs à l'étranger et le championnat national est d'un niveau assez faible (24ème rang en Europe, quand l'Ukraine est huitième).
La Pologne a toutefois toujours su former de bons gardiens. Certains d'entre eux, comme Dudek, Fabiański ou Kuszczak, évoluent d'ailleurs dans de grands clubs européens, mais comme doublure. Mais la nouvelle star dans les cages polonaises est Wojciech Szczęsny(21 ans)qui a réussi à s'imposer cette saison à Arsenal où il a réalisé de très bons matchs, y compris face aux gros. Son remplaçant est lui aussi un jeune joueur : Grzegorz Sandomierski(21 ans), portier du Jagellonia Białystok, équipe surprise de la saison en Pologne (quatrième du championnat).
Deux défenseurs évoluent dans des championnats majeurs européens. Łukasz Piszczek(26 ans) s'est imposé cette saison comme titulaire en tant qu'arrière droit chez le champion d'Allemagne, Dortmund, où il était arrivé en provenance du Hertha Berlin. Kamil Glik(23 ans) est un jeune défenseur central qui évolue actuellement à Bari, en Italie, en prêt de Palerme. Les autres défenseurs évoluent tous dans le championnat polonais : Tomasz Jodłowniec(26 ans, Polonia Varsovie), Grzegorz Wojtkowiak(27 ans, Lech Poznan) et Jakub Wawrzyniak(27 ans, Legia Varsovie, ex-Panathinaïkos).
Au milieu, on retrouve pas moins de trois joueurs du championnat de France. Dariusz Dudka(27 ans) est un joueur polyvalent capable aussi bien de jouer comme latéral que comme milieu défensif. Il porte les couleurs d'Auxerre depuis 2008. Ludovic Obraniak(26 ans) est né en France et a porté le maillot des espoirs français mais il a décidé de prendre la nationalité du pays de ses origines en 2009. Pour son premier match avec la Pologne, Obraniak s'est illustré en inscrivant un doublé. Excellent sur coups de pieds arrêtés, ce gaucher n'est pas toujours titulaire à Lille mais il joue parfaitement le rôle de joker, en marquant parfois des buts décisifs (comme en finale de la Coupe de France). Grzegorz Krychowiak(21 ans) est plus méconnu. Issu du centre de formation de Bordeaux, il était prêté par le club girondin à Reims au cours des deux dernières saisons. Deux autres milieux de terrains évoluent à l'étranger, en Allemagne plus précisément. Adam Matuszczyk(22 ans) est arrivé très jeune en Allemagne mais il a choisi de représenter son pays de naissance. Ce milieu défensif évolue à Cologne. Jakub Błaszczykowski, dit « Kuba » (25 ans) est le capitaine et l'une des stars de la sélection polonaise. Il évolue chez le champion d'Allemagne, Dortmund, mais rarement comme titulaire. Les autres milieux sont issus du championnat polonais : Mateusz Klich(20 ans, KS Cracovie), Rafał Murawski(29 ans, Lech Poznan, ex-Roubine Kazan), Adrian Mierzejewski(24 ans, Polonia Varsovie), Szymon Pawłowski(24 ans, Zagłębie Lublin) et Cezary Wilk(25 ans, Wisła Cracovie).
L'attaquant le plus connu de cette équipe polonaise est sans doute Robert Lewandowski(22 ans). Ce jeune joueur est le troisième joueur polonais à évoluer cette saison à Dortmund. Au départ remplaçant, il a profité de la blessure du Japonais Kagawa pour accumuler du temps de jeu. Avec 8 buts cette saison, il aura participé à la bonne saison de Dortmund. Paweł Brożek(28 ans) joue dans le club turc de Trabzonspor, tout comme son frère jumeau Piotr (non sélectionné). Les deux joueurs ont pour habitude de se suivre dans leurs clubs respectifs. Kamil Grosicki(23 ans) évolue lui aussi en Turquie mais à Sivasspor. Le jeune Michał Kucharczyk(20 ans) est le plus méconnu des attaquants polonais. Il est toujours au pays, au Legia Varsovie.
La France et la Pologne ont une grande histoire footballistique commune. De nombreux joueurs polonais ont évolué en France. Du reste, l'équipe de France a souvent compté en son sein beaucoup de joueurs d'origine polonais, le plus célèbre d'entre eux étant Raymond Kopa (né Kopaszewski).
Il y a eu à ce jour 15 rencontres entre la France et la Pologne. La première d'entre elles a eu lieu à Paris en 1939 et a vu la France largement s'imposer (4-0). La dernière a eu lieu en novembre 2004, au cours de la triste première année du mandat de Raymond Domenech, et s'est achevée sur un nul sans saveur (0-0).
Le bilan est favorable à la France : 7 victoires pour 5 matchs nuls et 3 défaites.