Football - présentation de la Croatie par Karim

Après avoir renoué avec les éliminatoires de l'Euro 2012 du côté du Luxembourg, l'équipe de France s'apprête à disputer un nouveau match amical face à un adversaire d'un autre calibre que le Grand-Duché : la Croatie.

Parlons d'abord du pays avant d'évoquer sa sélection : la Croatie (Hrvatska en croate) est un pays de la péninsule des Balkans, indépendant depuis 1991 et l'éclatement de l'ex-Yougoslavie. Bordé sur sa façade occidentale par la mer Adriatique, ce pays très montagneux s'étend sur environ 56.000 km² et compte près de 4,5 millions d'habitants. Sa capitale est Zagreb tandis que Split, Rijeka et Dubrovnik font partie des autres grandes villes du pays.

Le fait que le pays soit très jeune n'a pas empêché la Croatie d'avoir une excellente équipe, l'une des meilleures en Europe. Il faut dire que beaucoup de joueurs de la défunte équipe de Yougoslavie, qui a souvent brillé sur le plan mondial, étaient d'origine croate. La tradition footballistique s'est perpétuée dans la région, ce qui explique le très bon niveau actuelle de beaucoup d'équipes issues de l'ex-Yougoslavie : la Croatie donc, mais aussi la Serbie, la Bosnie-Herzégovine ou la Slovénie. (voir ici (deuxième paragraphe du chapitre L'équipe) l'histoire de la sélection yougoslave).
La Croatie indépendante doit attendre les éliminatoires de l'Euro 1996 pour jouer ses premiers matchs officiels, durant lesquels elle termine en tête de son groupe (10 matchs, 7 victoires, 2 nuls, 1 défaite) devant l'Italie, vice-championne du monde à l'époque, chez qui elle réussit notamment l'exploit de s'imposer en novembre 1994 (2-1). Une génération de grands joueurs se révèle alors, qui évoluent tous au plus haut niveau européen, avec notamment les milieux Zvonimir Boban (capitaine), Robert Prosinečki et Aljoša Asanović, les buteurs Davor Šuker et Alen Boksić ou encore le défenseur Slaven Bilić (l'actuel sélectionneur... nous y reviendrons). La Croatie atteint ensuite les quarts de finale de cet Euro, battue par l'Allemagne, futur vainqueur (1-2), après avoir terminé deuxième de son groupe derrière le Portugal mais devant le tenant du titre danois et la Turquie.
Après avoir plutôt bien géré son premier tournoi international, la Croatie continue sur sa lancée et se qualifie pour la Coupe du Monde 1998, même si les éliminatoires se déroulent cette fois moins bien. Deuxième de son groupe derrière le Danemark (avec 4 victoires, 3 nuls et 1 défaite en 8 matchs), la Croatie a du s'en remettre aux barrages pour valider son ticket pour la France, en éliminant l'Ukraine (2-0, 1-1). Mais la phase finale en revanche est une totale réussite. Deuxième de son groupe derrière l'Argentine mais devant la Jamaïque et le Japon, la Croatie se qualifie pour les huitièmes de finale durant lesquelles elle élimine la Roumanie (1-0). En quarts de finale, elle retrouve l'Allemagne comme en 1996 mais s'impose cette fois, en prenant une éclatante revanche sur les champions d'Europe en titre (3-0). En demi-finales se dresse le pays organisateur, l'équipe de France. L'équipe au célèbre maillot à damiers pose d'énormes problèmes aux Français tout au long du match et ouvre le score juste après la mi-temps par l'inévitable Davor Šuker. Mais les Bleus cette année là sont beaucoup trop forts et parviennent à égaliser puis à s'imposer grâce à un improbable doublé de Lilian Thuram, qui signera ce jour là les deux seuls buts de sa longue carrière internationale. Autre fait dans ce match : l'expulsion de Laurent Blanc, opposé lors d'un duel sur un corner à Slaven Bilić. Une expulsion litigieuse, le défenseur croate étant soupçonné d'avoir simulé. Ironie du sort, près de treize ans plus tard les deux joueurs sont devenus sélectionneurs nationaux de leur pays respectifs et se retrouveront donc sur le bord du terrain. Et pendant que la France vole vers sa première victoire en Coupe du Monde, la Croatie parvient à prendre la troisième place en battant les Pays-Bas (2-1) tandis que Davor Šuker, auteur de six buts durant ce Mondial, termine meilleur buteur.
La suite est un peu moins glorieuse. La génération 1996-1998 sort par la petite porte en manquant la qualification pour l'Euro 2000 (la Croatie termine troisième de son groupe derrière la RF Yougoslavie et l'Irlande avec 4 victoires, 3 nuls et 1 défaite en 8 matchs).
La Croatie parvient néanmoins ensuite à se qualifier pour la Coupe du Monde 2002, en terminant en tête de son groupe (5 victoires et 3 nuls en 8 matchs) devant la Belgique. Mais la phase finale se déroule beaucoup moins bien pour les Croates qui sortent dès le premier tour en terminant troisième de leur groupe (1 victoire et 2 défaites en 3 matchs) derrière le Mexique et l'Italie (qu'ils parviendront néanmoins à battre, 2-1) et devant l'Équateur. C'est la fin de l'aventure pour les derniers cadres présents, Prosinečki, Šuker et Boksić (absent sur blessure en 1998) notamment.
Une génération intermédiaire prend le pouvoir, emmenée notamment par les frères Niko et Robert Kovač ainsi que par le joueur de Monaco Dado Pršo. Génération qui parviendra à qualifier la Croatie pour l'Euro 2004. Deuxième de son groupe derrière la Bulgarie (5 victoires, 1 nul et 2 défaites en 8 matchs), la Croatie se qualifie par l'intermédiaire des barrages en éliminant la Slovénie (1-1, 1-0). Mais la phase finale est un nouvel échec pour la Croatie, qui termine troisième d'un groupe difficile (2 nuls et 1 défaite en 3 matchs), derrière la France et l'Angleterre et devant la Suisse.
La Croatie enchaîne ensuite avec sa troisième participation consécutive à une Coupe du Monde. Elle termine en tête de son groupe durant les éliminatoires de l'édition 2006 (7 victoires et 3 nuls) mais échoue encore en phase finale. Après une défaite inaugurale (et une prestation honorable) face au super-favori brésilien (0-1) elle doit enchaîner par deux matchs plus à sa portée face au Japon puis à l'Australie. Mais les Croates ne parviennent pas à faire mieux qu'un nul face au Japon (0-0), en manquant notamment un penalty durant la rencontre. Nouveau match nul (2-2) lors du match suivant, face à une sélection australienne qui compte en son sein beaucoup de joueurs d'origine croate. La Croatie mène 1-0 puis 2-1 mais encaisse en fin de match un but de Harry Kewell vraisemblablement inscrit en position de hors-jeu. Nouvelle déception pour la Croatie qui ne termine que troisième de son groupe.
Après cette Coupe du Monde ratée, le sélectionneur Zlatko Kranjčar laisse sa place à Slaven Bilić avant d'entamer les éliminatoires de l'Euro 2008. Celui-ci choisit d'écarter certains anciens cadres, d'intégrer de nouveaux joueurs et de confier plus de responsabilités à certains autres. Une réussie puisque la Croatie se qualifie brillamment pour l'Euro 2008, en terminant en tête de son groupe (9 victoires, 2 nuls et 1 défaite en 12 matchs) devant la Russie et surtout devant l'Angleterre, que la Croatie est parvenue à battre à deux reprises (2-0, 3-2). La deuxième victoire, à Wembley, a marqué les esprits puisqu'elle a contribué à la non-qualification des Anglais à qui un match nul aurait pourtant suffi. Les Croates sont alors débordants d'ambition au moment de la phase finale, et ce en dépit de l'absence de leur buteur d'origine brésilienne Eduardo da Silva, gravement blessé avec Arsenal. Ils entament cet Euro 2008 tambour battant en battant l'organisateur autrichien (1-0) puis en s'imposant de manière retentissante face à l'Allemagne (2-1). La Croatie se permet même d'aligner une équipe remaniée face à la Pologne lors du dernier match, ce qui ne l'empêche pas de s'imposer à nouveau (1-0). Mais l'aventure s'arrête de nouveau prématurément pour la Croatie. Opposée à la Turquie en quarts de finale, elle ne parvient pas à prendre le dessus au cours du temps réglementaire et n'ouvre le score qu'à la 119ème minute, par Ivan Klasnić. Mais la Turquie est renversante dans ce tournoi et sauve une situation pourtant bien compromise en égalisant à la toute fin des prolongations, puis en remportant la séance des tirs aux but (3-1). Un échec amer pour les Croates qui, néanmoins, comptent s'appuyer sur cette dynamique positive avant les éliminatoires de la Coupe du Monde 2010.
Tête de série, la Croatie hérite d'un groupe difficile composé de l'Angleterre, de l'Ukraine, de la Biélorussie, du Kazakhstan ainsi que d'Andorre. Après une victoire initiale sur le modeste Kazakhstan (3-0), la Croatie retrouve l'Angleterre, au Stade Maksimir de Zagreb. Nouvelle victoire retentissante... de l'Angleterre cette fois-ci (4-1) avec un triplé de Theo Walcott. Une défaite qui marque le départ d'une spirale négative pour les Croates, entre retraite (Niko Kovač), méformes et blessures (Modrić, Kranjčar) de plusieurs cadres. L'Angleterre étant intouchable en tête du groupe, la Croatie doit se battre pour accrocher une place de barragistes. Elle remporte tous ses autres matchs mais concède deux nuls face à l'Ukraine, son rival pour une place en barrages. Arrive alors le match retour face aux Anglais, à Wembley. Nouvelle humiliation (1-5) dans un match qui marque cette fois la rédemption de l'Angleterre, qualifiée ce jour là pour la Coupe du Monde. La Croatie n'a alors plus son destin en main et doit espérer un faux-pas de l'Ukraine qui n'arrivera pas puisque les coéquipiers de Andreï Chevtchenko parviennent à remporter leur deux derniers matchs (infligeant notamment leur unique défaite aux Anglais dans ces qualifications (1-0)), rendant la dernière victoire croate au Kazakhstan (2-1) inutile. La Croatie termine troisième du groupe, derrière l'Angleterre et l'Ukraine, et est éliminée. Pour la première fois de son histoire, elle ne participera pas à une Coupe du Monde.
Malgré cet échec, la Croatie a décidé de maintenir sa confiance à Slaven Bilić pour les éliminatoires de l'Euro 2012. Au tirage au sort, la Croatie est de nouveau tête de série et tombe sur un groupe plus abordable avec la Grèce, Israël, la Lettonie, la Géorgie et Malte. En septembre, les Croates démarrent par une victoire facile en Lettonie (3-0) avant de concéder le nul face à la Grèce (0-0). Un mois plus, ils s'imposent en Israël (2-1) avant de battre Malte en novembre (3-0). La Croatie dominait alors son groupe mais s'est faite surprendre samedi dernier en Géorgie (0-1). Suite à cette première défaite, la sélection au maillot à damiers a laissé la place de leader du groupe à la Grèce, qui s'est difficilement imposée à Malte (1-0). La Croatie possède un point de retard sur les champions d'Europe 2004 et n'a qu'un point d'avance sur la surprenante équipe de Géorgie.

La sélection croate a connu pas mal de changements depuis l'Euro 2008. Quelques joueurs majeurs, comme Dario Simić ou les frères Kovač, ont mis un terme à leur carrière internationale notamment.
Le gardien titulaire de la Croatie est bien connu en France puisqu'il s'agit de Vedran Runje (35 ans), portier du Racing Club de Lens. Sélectionné sur le tard, à plus de 30 ans, il est le numéro 1 depuis 2009 en partie par défaut, en raison de la méforme persistante de Stipe Pletikosa. Âgé de 32 ans, le titulaire du poste entre 2002 et 2009 (80 sélections) ne s'est jamais réellement remis de sa relégation sur le banc des remplaçants du Spartak Moscou. Le club russe a choisi de le prêter à Tottenham... où il est toujours numéro 2, se distinguant plus par son
look incomparable

(pour le tournage d'une pub, rassurez vous) que par ses prestations sur le terrain. Le gardien du Hajduk Split Danijel Subašić (26 ans) est le troisième choix.
Chez les défenseurs, Vedran Ćorluka (25 ans) est le premier choix au poste d'arrière droit. Ancien joueur du Dynamo Zagreb, il s'est fait connaître en Angleterre sous le maillot de Manchester City puis de Tottenham où il ne bénéficie pas d'un temps de jeu très élevé. Sa doublure à ce poste est le très jeune Šime Vrsaljko (19 ans), qui évolue au Dinamo Zagreb. Natif de Canberra, en Australie, Josip Šimunić (33 ans) est indiscutable dans l'axe de la défense. International depuis 2001, le joueur de Hoffenheim est le joueur croate en activité le plus capé (84 sélections). Dans l'axe de la défense, il est accompagné par Gordon Schindelfeld (26 ans, Sturm Graz (AUT)) ou par l'une des révélations cette saison à l'Olympique Lyonnais, Dejan Lovren (21 ans). À gauche, c'est le jeune Ivan Strinić (23 ans, Dnipro Dniepropetrovsk (UKR)) qui est le plus souvent titulaire devant le polyvalent Danijel Pranjić (29 ans, Bayern Munich), plus habitué à jouer au milieu mais excellent comme latéral durant l'Euro 2008.
Beaucoup de joueurs de talent occupent le milieu de terrain de cette équipe. Devant la défense, le joueur du Dynamo Kiev Ognjen Vukojević (27 ans) est l'habituel titulaire. Il est supplée généralement par Tomislav Dujmović (30 ans, Dynamo Moscou). Luka Modrić (25 ans) est l'une des stars de cette sélection. Le talentueux milieu relayeur était le seul joueur croate retenu pour l'Euro 2008 à évoluer au pays (Dinamo Zagreb) mais il a rejoint Tottenham après la compétition (non sans figurer dans l'équipe-type du tournoi) où il s'est vite imposé. Depuis la retraite de Niko Kovač, il a en outre hérité du prestigieux numéro 10. Autre milieu offensif de talent, Ivan Rakitić (23 ans) a récemment quitté Schalke 04 pour le FC Séville où il enchaîne brillamment les matchs. Les jeunes Ivan Perišić (22 ans, FC Bruges, brièvement passé par Sochaux) et Milan Badelj (22 ans, Dinamo Zagreb) tirent quant à eux peu à peu leur épingle du jeu, tout comme Ivo Iličević (24 ans, Kaiserslautern (ALL)). Toujours au milieu, la sélection croate aligne généralement sur les côtés Darijo Srna (28 ans, Chakhtar Donetsk) à droite et Niko Kranjčar (26 ans, Tottenham) à gauche. Le premier cité est le capitaine, en club comme en sélection (depuis la retraite de Niko Kovač). Polyvalent, il peut également évoluer comme latéral droit (comme dans son club) et est un excellent tireur de coup francs. Avec 19 buts inscrits en 80 sélections, il est du reste le meilleur buteur croate en activité en sélection. Quant au second, fils de l'ancien sélectionneur, il a rejoint la colonie croate de Tottenham à l'été 2009, en provenance de Portsmouth. S'il ne s'est toujours pas intégré au sein du club londonien, il reste indiscutable au sein d'une sélection dont il est le meilleur buteur (4 buts) dans les éliminatoires de l'Euro 2012.
Les talents ne manquent pas non plus en attaque. Malgré l'absence du joueur du Bayern Munich Ivica Olić, gravement blessé, la Croatie possède de nombreux joueurs capables de faire trembler les filets adverses. Mladen Petrić (30 ans) en fait partie. L'ancien attaquant de Bâle et du Borussia Dortmund évolue depuis 2008 à Hambourg où il est devenu l'une des plus fines gâchettes de la Bundesliga (11 buts en 19 matchs cette saison). Naturalisé croate en 2002, l'attaquant d'origine brésilienne Eduardo da Silva (28 ans) s'est révélé durant la saison 2006/2007 (34 buts!) et durant les éliminatoires de l'Euro 2008 (10 buts). Dans la foulée, il a signé à Arsenal et était alors annoncé comme l'une des stars à venir du championnat d'Europe. Mais alors qu'il commençait peu à peu à prendre ses marques en Angleterre, il a été victime en février 2008 d'un tacle terrible du défenseur de Birmingham City Martin Taylor qui l'a tenu éloigné des terrain pendant près d'un an. Il n'a depuis jamais retrouvé ses sensations et il a fini par quitter Arsenal l'été dernier pour rejoindre le Chakhtar Donetsk, où il peine à trouver ses marques. Nikica Jelavić (25 ans, Glasgow Rangers) et surtout Nikola Kalinić (23 ans, Blackburn) sont moins connus mais ne manquent pas de talent.

Au cours de leur histoire, la France et la Croatie se sont affrontées à quatre reprises. La première confrontation entre les deux équipes a eu lieu le 8 juillet 1998, en demi-finales de la Coupe du Monde et le match s'était conclu par une victoire française (2-1) avec un mémorable doublé de Lilian Thuram qui avait répondu à l'ouverture du score de Davor Šuker. Les deux équipes se sont retrouvées un peu plus d'un an plus tard, en match amical cette fois, le 13 novembre 1999. La France s'était largement imposée (3-0) grâce à des buteurs plutôt improbables : Robert Pires, Florian Maurice et Tony Vairelles. Les Bleus retrouvent les Croates le 28 mai 2000, toujours en match amical, du côté de Zagreb, dans le cadre de la préparation pour l'Euro 2000. Et ils s'imposent une nouvelle fois (2-0) grâce à Robert Pires et David Trezeguet. Enfin, la dernière confrontation franco-croate a eu lieu le 17 juin 2004, à Leiria, au Portugal, durant la phase de poules de l'Euro 2004. Cette rencontre a permis à la Croatie de mettre fin à sa série noire face à la France puisqu'elle s'est conclue par un match nul (2-2). Igor Tudor avait bien malencontreusement ouvert le score pour la France en marquant contre son camp mais grâce à Milan Rapaić (sur penalty) puis à Dado Pršo, la Croatie est parvenu à prendre l'avantage avant que Trezeguet n'égalise pour les Français. Vous l'aurez compris, le bilan de ces confrontations est très favorable à l'équipe de France : 3 victoires françaises pour un match nul, 9 buts marqués pour 3 encaissés.

Karim

 

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