Coupe d'Afrique des Nations 2012 - Épilogue

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La Zambie a remporté à la surprise générale la CAN 2012 après sa victoire en finale sur la Côte d'Ivoire (0-0 a.p., 8-7 t.a.b.)
(source : sport24.com)

La Coupe d'Afrique des Nations 2012, qui se déroulait au Gabon et en Guinée-Équatoriale, s'est terminée dimanche soir. Retour sur les quatre derniers matchs de la compétition.


Les demi-finales débutaient ce mercredi par un duel à Bata entre la Zambie et le Ghana. Sur le papier, les Ghanéens partaient favoris mais ils pâtissaient d'un déficit physique vis-à-vis de leurs adversaires du jour. Ils bénéficiaient en effet d'un jour de récupération en moins et avaient du en plus batailler jusqu'aux prolongations pour éliminer la Tunisie en quarts de finale tandis que les Zambiens s'étaient tranquillement débarrassés du Soudan.
Dominateur, le Ghana a rapidement eu l'opportunité d'ouvrir le score en obtenant un penalty généreux après huit minutes de jeu. Asamoah Gyan s'exécute mais il voit sa tentative repoussée par Kennedy Mweene, le gardien zambien. Le buteur attitré des
Black Stars semble maudit, lui qui avait déjà manqué le penalty décisif face à l'Uruguay en quarts de finale de la dernière Coupe du Monde. Pas découragé pour autant, le Ghana continue de pousser sans trouver la faille. En face, la Zambie joue tous les coups à fond et finit par ouvrir le score à la 78ème minute, sur une superbe frappe de son joker offensif Emmanuel Mayuka, entré à la pause. Incapables de réagir et frustrés, les Ghanéens termineront même la rencontre à dix après l'expulsion de Derek Boateng. La Zambie s'impose au final (1-0) et a gagné le droit de disputer sa troisième finale de la CAN après celles de 1974 et 1994. Finaliste en 2010, le Ghana voit cette fois son parcours s'arrêter plus tôt. Et il devra remiser à plus tard ses rêves de victoire.

Dans l'autre rencontre, disputée à Libreville, la Côte d'Ivoire défiait le Mali en patron. Elle avait en effet remporté tous ses matchs depuis le début du tournoi sans prendre le moindre but. En face, le Mali avait du batailler pour se qualifier pour les demi-finales en battant aux tirs au but le Gabon, l'un des pays organisateurs.
Il n'y a pas eu réellement de match. La Côte d'Ivoire a pris en effet rapidement les choses en main et n'a pas réellement laissé l'occasion au Mali de s'exprimer. C'est en toute logique qu'elle ouvrira le score juste avant la pause grâce à un exploit personnel de Gervinho qui trouvait la lucidité nécessaire pour battre le gardien malien Soumbeyla Diakité après une course de cinquante mètres. Ce sera tout ou presque pour ce match, remporté par les Ivoiriens par la plus petite des marges (1-0). Les
Éléphants retrouvent une finale de Coupe d'Afrique des Nations vingt ans après leur unique victoire dans la compétition et six ans après leur dernière finale perdue. Face à la Zambie, ils auront le statut de favori.


Mais avant la finale avait lieu le samedi le match pour la troisième place, à Malabo, entre le Ghana et le Mali. Durant la phase de poules, ces deux équipes s'étaient déjà affrontées et c'était le Ghana qui s'était imposé (2-0). Mais plus motivés qu'une équipe ghanéenne encore sous le coup de la déception, les
Aigles s'imposeront (2-0) grâce à un doublé du Bordelais Cheick Diabaté (23ème et 30ème minute). Le Mali décroche donc la médaille de bronze, c'est la deuxième meilleure performance de son histoire après la finale perdue en 1972 face au Congo. Le Ghana termine quant à lui la compétition sur une mauvaise note.


La finale se déroulait ce dimanche, à Libreville. Face à la Zambie, invité surprise, la Côte d'Ivoire partait grande favorite. Elle avait en effet remporté tous ses matchs sans encaisser le moindre but et elle était bien déterminée à remporter enfin un titre avec sa génération dorée. Mais elle devait se méfier d'une équipe zambienne qui avait su se défaire notamment du Sénégal et du Ghana entre autres pour atteindre la finale.
La Zambie se créait d'ailleurs la première occasion du match après seulement deux minutes de jeu. Après une combinaison sur corner, Sinkala se retrouvait en position de tir idéale et Boubacar Barry, le gardien ivoirien, devait se détendre de tout son long pour capter la balle. La Côte d'Ivoire réplique à la demi-heure de jeu par Yaya Touré qui frappait de peu à côté alors qu'il avait été superbement servi par Drogba d'une talonnade. Pas de but à la pause, et la rencontre est très serrée.
Le premier tournant de la rencontre intervient à environ vingt minutes du terme. Gervinho, héros de la demi-finale, s'enfonce dans la défense zambienne avant d'être victime d'une charge d'Isaac Chansa. L'arbitre sénégalais Badara Diatta indique le point de penalty sans hésiter. Difficile de savoir pourtant si la faute était à l'intérieur ou à l'extérieur de la surface. Didier Drogba prend la responsabilité du tir. S'il marque, il donnera un avantage très important à son équipe car les occasions sont rares dans ce match serré. Mais la frappe du capitaine ivoirien s'envole dans les travées du stade de Libreville. Il ne se passera quasiment plus rien jusqu'à la fin du temps réglementaire. Le match durera donc au moins trente minutes de plus.
La Zambie s'offre la première opportunité dans cette prolongation. Christopher Katongo reprenait un centre de son frère Felix, qui avait auparavant magnifiquement débordé, mais il butait sur Barry qui déviait le ballon sur son poteau. Ce sera la seule véritable occasion dans ces prolongations. La rencontre se termine sur un score nul et vierge et cette finale de la CAN 2012 allait donc se décider lors de la séance de tirs au but.
L'Ivoirien Check Tioté est le premier à s'élancer, et il ne manque pas sa tentative. Les quatre premiers tirs aux but ont été réussis et le score est de 2 partout dans cette séance lorsque Souleymane Bamba se présente, pour la Côte d'Ivoire. Son tir est repoussé par Mweene mais l'arbitre donne le penalty à retirer puisque le gardien zambien semblait avoir avancé avant le tir. Bamba réussit sa seconde tentative. À 4-4, c'est au tour de Didier Drogba de prendre ses responsabilités, après avoir manqué un penalty durant la rencontre. Cette fois, l'attaquant de Chelsea ne se rate pas. Le tireur zambien qui suit n'a donc pas le droit à l'erreur. À la surprise générale, c'est le gardien Kennedy Mweene qui s'apprête à frapper le penalty. Et celui-ci est remarquablement tiré. Les cinq premiers tireurs de chaque équipe ayant tous réussi à marquer, place à la mort subite. La série de tirs réussis se poursuit et le score est de 7 partout quand Kolo Touré se prépare à frapper. Le tir du défenseur de Manchester City est arrêté par Mweene. S'il marque, Rainford Kalaba offrira à son pays sa première victoire en Coupe d'Afrique des Nations. Mais il expédiait sa tentative au dessus. La Côte d'Ivoire obtient un sursis et Gervinho se présente. Visiblement nerveux, le vif ailier des
Éléphants ratait complétement son tir et offrait une deuxième chance à la Zambie. Préposé à ce tir au but décisif, le défenseur Stophira Sunzu, qui avait ouvert le score lors du quart de finale face au Soudan, ne tremblait pas et offrait à la Zambie sa première victoire dans une CAN, au nez et à la barbe d'une Côte d'Ivoire pourtant grande favorite qui échouait aux tirs au but comme lors de sa précédente finale, en 2006. Un nouvel échec pour la génération Drogba qui a peut-être laissé définitivement passer sa chance de remporter une grande compétition internationale.



Résultats

Demi-finales :
Zambie 1-0 Ghana
(But : Emmanuel Mayuka (78'))
Mali 0-1 Côte d'Ivoire
(Gervinho (45'))

Match pour la troisième place :
Ghana 0-2 Mali
(Cheick Diabaté (23', 80'))

Finale :
Zambie 0-0 a.p., 8-7 t.a.b. Côte d'Ivoire
Avertissements : Zambie : N. Mulenga (69') ; Côte d'Ivoire : Tioté (63'), Bamba (66')
Tirs au but : Tioté (réussi, 0-1), C. Katongo (réussi, 1-1), Bony (réussi, 1-2), Mayuka (réussi, 2-2), Bamba (réussi, 2-3), Chansa (réussi, 3-3), Gradel (réussi, 3-4), F. Katongo (réussi, 4-4), Drogba (réussi, 4-5), Mweene (réussi, 5-5), Tiéné (réussi, 5-6), Sinkala (réussi, 6-6), Ya Konan (réussi, 6-7), Lungu (réussi, 7-7), K. Touré (arrêté, 7-7), Kalaba (manqué, 7-7), Gervinho (manqué, 7-7), Sunzu (réussi, 8-7)
Zambie : (16) Kennedy Mweene/(6) Davies Nkausu – (13) Stophira Sunzu – (5) Hijani Himoonde – (4) Joseph Musonda (12' (23) Nyambe Mulenga (74' (10) Felix Katongo))/(3) Chisamba Lungu – (8) Isaac Chansa – (19) Nathan Sinkala – (17) Rainford Kalaba/(11) Christopher Katongo(c) – (20) Emmanuel Mayuka
Coach : Hervé Renard
Côte d'Ivoire : (1) Boubacar Barry/(6) Jean-Jacques Gosso – (4) Kolo Touré – (22) Souleymane Bamba – (17) Siaka Tiéné/(5) Didier Zokora (75' (13) Didier Ya Konan) – (19) Yaya Touré (87' (12) Wilfried Bony) – (9) Cheick Tioté/(10) Gervinho – (11) Didier Drogba(c) – (8) Salomon Kalou (63' (15) Max-Alain Gradel)
Coach : François Zahoui


Buteurs :
1. Manucho (Angola) ; Didier Drogba (Côte d'Ivoire) ; Pierre-Emerick Aubameyang (Gabon) ; Cheick Diabaté (Mali) ; Houssine Kharja (Maroc) ; Christopher Katongo, Emmanuel Mayuka (Zambie) : 3 buts
8. André Ayew, John Mensah (Ghana) ; Abdoul Camara, Sadio Diallo (Guinée) ; Ihaab Boussefi, Ahmed Saad (Libye) ; Bisha, Mudtahir El Tahir (Soudan) ; Youssef Msakni (Tunisie) :
2 buts
17. Mateus (Angola) ; Mogakolodi Ngele, Dipsy Selowane (Botswana) ; Issiaka Ouédraogo, Alain Traoré (Burkina Faso) ; Wilfried Bony, Emmanuel Eboué, Gervinho, Salomon Kalou, Yaya Touré (Côte d'Ivoire) ; Daniel Cousin, Bruno Mbanangoyé, Éric Mouloungui, Stéphane N'Guéma (Gabon) ; Emmanuel Agyemang-Badu, Asamoah Gyan (Ghana) ; Mamadou Bah, Naby Soumah, Ibrahima Traoré (Guinée) ; Kily Álvarez, Javier Balboa, Randy (Guinée-Équatoriale) ; Garra Dembélé, Seydou Keita, Bakaye Traoré (Mali) ; Younès Belhanda (Maroc) ; William Ngounou (Niger) ; Deme N'Diaye, Dame N'Doye, Moussa Sow (Sénégal) ; Issam Jemâa, Saber Khelifa, Khaled Korbi (Tunisie) ; James Chamanga, Rainford Kalaba, Stophira Sunzu (Zambie) : 
1 but
A marqué contre son camp : Bakary Koné (Burkina Faso) pour la Côte d'Ivoire



76 buts auront été marqués au final dans cette compétition, soit environ 2,4 par match en moyenne. C'est mieux qu'en 2010 où 71 buts ont été inscrits, mais seuls 29 matchs ont été joués cette année-là après le forfait du Togo. On est en revanche très loin du record de la CAN 2008, avec 99 buts.
Aucun buteur ne s'est véritablement distingué durant cette compétition et six joueurs se partagent le titre de meilleur réalisateur, avec trois buts marqués seulement : l'Angolais Manucho, l'Ivoirien Didier Drogba, le Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang, le Malien Cheick Diabaté, le Marocain Houssine Kharja ainsi que les Zambiens Christopher Katongo et Emmanuel Mayuka.
Le seul match à s'être terminé sur un 0-0 aura été la finale. Le match le plus prolifique a eu lieu lors de la deuxième journée de la phase de groupes avec le large succès de la Guinée face au Botswana (6-1).
Auteur de neuf buts chacun, les deux finalistes que sont la Zambie et la Côte d'Ivoire terminent avec la meilleure attaque. Les Ivoiriens terminent quant à eux avec la meilleure défense puisqu'ils n'ont pas encaissé le moindre but durant le tournoi. Insuffisant au final pour remporter le trophée.

Le capitaine zambien Chistopher Katongo remporte le trophée de meilleur joueur du tournoi. Un sacre mérité pour ce joueur régulier qui aura du reste inscrit trois buts durant la compétition. Son compatriote Kennedy Mweene a été élu meilleur gardien de la compétition. S'il n'est pas le gardien qui a encaissé le moins de buts durant la compétition, il est celui qui a su faire les arrêts décisifs : en demi-finales sur le penalty du Ghanéen Asamoah Gyan ou durant la séance de tirs au but de la finale face à Kolo Touré. Il se distingue aussi par un certain sens du spectacle comme en témoigne son tir au but réussi lors de la finale.

L'équipe-type de la compétition est la suivante :
Kennedy Mweene (Zambie)/Jean-Jacques Gosso (Côte d'Ivoire) – Stophira Sunzu (Zambie) – John Mensah (Ghana) – Adama Tamboura (Mali)/Gervinho (Côte d'Ivoire) – Yaya Touré (Côte d'Ivoire) – Seydou Keita (Mali) – Emmanuel Mayuka (Zambie)/Christopher Katongo (Zambie) – Didier Drogba (Côte d'Ivoire)
Remplaçants : Gardien : Boubacar Barry (Côte d'Ivoire) ; Défenseur : Rui (Guinée-Équatoriale) ; Milieux : Kwadwo Asamoah (Ghana), Houssine Kharja (Maroc), Youssef Msakni (Tunisie), Rainford Kalaba (Zambie) ; Attaquants : Manucho (Angola) ; Pierre-Emerick Aubameyang, Éric Mouloungui (Gabon) ; Sadio Diallo (Guinée) ; Cheick Diabaté (Mali), Mudtahir El Tahir (Soudan)


Que penser du sacre de la Zambie ? Une nouvelle
crise du star-system, comme l'évoquaient Les Cahiers du Football après la Coupe du Monde 2010 ? La victoire d'une véritable équipe face à une constellation d'individualités ?
Parmi les 23 Zambiens vainqueurs de cette CAN, seuls deux joueurs évoluent en Europe : l'attaquant Emmanuel Mayuka (Young Boys Berne (Suisse)) ainsi que le milieu Chisamba Lungu (Oural Oblast de Sverdlovsk (Russie/D2)). Le capitaine Chistopher Katongo, meilleur joueur de la compétition, joue en Chine tout comme James Chamanga. Les autres joueurs évoluent en Afrique, au pays mais aussi en Afrique du Sud ainsi que chez le richissime Tout-Puissant Mazembe de Lubumbashi (RD Congo), vainqueur de la Ligue des Champions d'Afrique en 2009 et 2010. Pas vraiment de vedette, donc. Il convient notamment d'attribuer une partie de cette réussite au sélectionneur français de cette équipe, Hervé Renard, qui n'a jamais été reconnu à sa juste valeur dans son pays d'origine. Celui qui a été l'adjoint de Claude Le Roy lorsque celui-ci entraînait le Ghana lors de la CAN 2008 est parvenu à mener les
Chipolopolo au titre suprême avec une équipe sur le papier beaucoup moins talentueuse que le légendaire « KK Eleven » du début des années 1990 dont beaucoup de membres sont décédés au cours d'une catastrophe aérienne en 1993, non loin de Libreville, non loin du lieu où la Zambie a remporté sa première CAN. De nombreux hommages ont été d'ailleurs rendus aux membres de cette équipe. Le seul survivant, le légendaire Kalusha Bwalya, est aujourd'hui président de la fédération. Il a pu savourer, peut-être plus que les autres, ce sacre.
(lire cet article des Cahiers du Football)
Le plus dur reste maintenant à venir pour les Zambiens, qui devront conserver leur titre l'année prochaine en Afrique du Sud et qui espèrent participer pour la première fois de leur histoire à une Coupe du Monde. Pour ce faire, ils devront notamment barrer la route au Ghana. Mais durant cette compétition, ils ont prouvé que rien ne leur était véritabement impossible. 

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